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On sait enfin ce qui a rendu Beethoven sourd !
Le plomb contenu dans les vins de qualité médiocre que le célèbre compositeur consommait de manière immodérée en serait en cause la plus vraisemblable.
Il y a près de 2 ans, aux écoutess’était fait écho d’une recherche génétique qui n’avait pas réussi à identifier la cause de la surdité du célèbre compositeur Ludwig van Beethoven. On en sait désormais un peu plus sur les origines de la surdité de ce mythe de la musique classique devenu totalement sourd à l’âge de 45 ans, après que son audition a commencé à diminuer progressivement 20 ans plus tôt.
Multiples causes invoquées
Après que de multiples maladies aient été tour à tour invoquées, syphilis, colites chroniques, tuberculose et de nombreuses autres pathologies, de nouvelles analyses d'échantillons de cheveux vérifiés de l’Allemand avancent l’hypothèse que Beethoven serait devenu sourd suite à une intoxication prolongée par le plomb, les taux enregistrés dans sa chevelure dépassant plus de 100 fois les valeurs usuellement admises.
Fréquente au cours des siècles passées, l’intoxication par le plomb, appelée saturnisme, était principalement due aux canalisations fabriquées à partir de ce métal, mais surtout en raison de l’usage généralisé de poudre destinées au perruques portées par les hommes de la bonne société.
Ces causes ne sont pourtant pas incriminées dans la saturation capillaire en plomb de l'auteur de la Neuvième Symphonie et de L'Hymne à la joie. Selon une étude menée par le pathologiste Nader Rifai, chercheur de la Harvard Medical School, et publiée dans la revue «Clinical Chemistry», c’est sa consommation de vin qui serait plus vraisemblablement en cause, l’illustre compositeur étant connu pour son goût immodéré d’alcool, la légende affirmant même que sur son lit de mort, il buvait encore du vin à la cuillère.
Pratique illégale mais fréquente
Il se trouve qu’à l’époque, l’ajout du plomb aux vins de qualité médiocre était une pratique très fréquente, remontant même à l’Empire romain. La pratique, illégale, permettait d’en améliorer à moindre frais la saveur, en estompant les tanins et en rendant le vin considérablement plus doux.
Actualités
23 mars 2025
Publié le :

«Pour les jeunes sourds et malentendants, l’accès à l’éducation sexuelle est compliqué»
Comment l’éducation sexuelle des jeunes sourds et malentendants est-elle actuellement organisée ? Quelles sont ses limites et ses spécificités ? Les réponses du sexologue Steven Derendinger, prestataire à BoulevardSanté, une association qui œuvre dans le domaine de la santé pour les personnes sourdes et malentendantes.
En quoi le développement de la sexualité chez les enfants sourds ou adolescents est-il différent de celui des autres enfants ?
Sur le plan physiologique et anatomique, il n’y a aucune différence évidemment. Ces enfants ou adolescents connaissent une croissance et une puberté similaires à celles de tous les autres jeunes bien sûr. La problématique se situe plutôt au niveau de l’accès à l’information en matière d’éducation sexuelle.
Les enfants sourds et malentendants seraient-ils les parents pauvres de l'éducation sexuelle ?
Oui, parce qu’une grande majorité des intervenants en éducation sexuelle sont peu sensibilisés aux besoins spécifiques de communication des enfants sourds ou malentendants, ceci d'autant plus qu'aujourd'hui, ces derniers sont intégrés à des classes ordinaires. Un phénomène amplifié par le fait que les cours d’éducation sexuelle bénéficient rarement de la présence de codeuses ou d’interprètes. Si on y ajoute le fait que ces cours se déroulent souvent dans une atmosphère faite de chahut et de rires, on obtient un contexte d'apprentissage qui est encore plus difficile pour un enfant sourd ou appareillé…
Que faudrait-il faire selon vous ?
L’enjeu est de créer les conditions pour que les enfants sourds ou malentendants puissent recevoir correctement les messages de sensibilisation et de prévention. Idéalement, ce serait de leur offrir des ateliers spécifiques d’éducation sexuelle, tout en faisant attention au risque de stigmatisation qu'il peut y avoir en raison de la peur d'être vu ou d'être jugé.
Faut-il également prêter une attention particulière au contenu de ces cours ?
D’une manière générale, les acteurs de santé publique doivent réfléchir aux enjeux spécifiques de cette population et de se questionner sur les angles morts de leur action qui font que les messages ne passent pas ou passent mal. J’ai le souvenir par exemple de campagnes de prévention et de sensibilisation sur le VIH-SIDA qui pouvaient susciter des mauvaises compréhensions ou même carrément des contresens chez les sourds et les malentendants…
Y-a-t-il une autre spécificité de ce public dont il faudrait tenir compte en matière d’éducation sexuelle ?
Personnellement, j’en vois une qui me semble importante, en termes de prévention des abus. Selon moi, il faut prêter attention au fait que les enfants sourds ou malentendants ont souvent fait l’objet de soins de la part du personnel soignant et qu’à ce titre, ils n’établissent pas toujours forcément la frontière entre leur corps et les autres de manière claire. Il faut être attentif à ce vécu de proximité corporelle qui pourrait interférer dans leurs liens avec autrui.
Et qu’en est-il de la notion de consentement ?
La question du consentement est déjà très complexe pour les personnes entendantes et elle l’est encore plus pour les jeunes sourds ou malentendants. La loi suisse implique un « non » n’étant pas respecté pour que l'on parle de contrainte sexuelle ou de viol. Quand on est sourd ou malentendant, il peut être plus compliqué d'exprimer clairement son vrai désir d’avoir ou non un rapport sexuel dans un contexte relationnel. L'enjeu serait que les jeunes ayant une perte auditive puissent également développer des compétences en lecture corporelle afin de reconnaître les signes d’un corps qui dit clairement oui ou non.
Le 22 mars prochain vous allez intervenir auprès des professionnels de la surdité sur cette problématique dans le cadre des travaux du Groupe Romand des Professionnels de la Surdité. En quoi est-il important que tous ces professionnels soient sensibilisés à cette question ?
Tout simplement pour contribuer à orienter et guider ces jeunes ! Même s’ils ne sont pas des spécialistes de santé sexuelle, les professionnels de la surdité pourront aussi mieux aborder le sujet : c’est une manière d’agir pour que l'information soit correctement diffusée et aider ces jeunes à développer une sexualité épanouie !
Point fort
16 mars 2025
Publié le :

Genève: Le Théâtre de l’Usine améliore ses mesures d’accessibilité pour les malentendants
Boucle auditive, surtitrage… Le Théâtre de l’Usine de Genève, récemment ouvert après six mois de rénovation, travaille d’arrache-pied pour faciliter l’accessibilité de ses spectacles aux personnes sourdes et malentendantes.
Après six mois de travaux de rénovation, le célèbre Théâtre de l’Usine de Genève, centre culturel autogéré depuis 1989, a fait peau neuve, et son agencement a été entièrement repensé afin de permettre non seulement un meilleur accueil du public et des artistes, mais aussi une meilleure accessibilité pour les personnes en situation de handicap.
Dans sa configuration de l’époque en effet, le Théâtre représentait un obstacle pour toutes les personnes vivant avec un handicap qu’il soit physique, sensoriel, mental ou psychique. « La question de l’accessibilité a pourtant toujours été au cœur de notre ADN,explique Ghalas Charara, responsable de l’accueil et des mesures d’accessibilité du Théâtre. Nous avons par exemple été les premiers à instaurer un prix libre tous les samedis pour que les personnes précarisées puissent accéder à nos spectacles. C’est d’autant plus important que les problématiques d’inclusion sont vraiment au cœur de notre programmation. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons fait en sorte que les derniers travaux de rénovation permettent d’améliorer l’accès des personnes en fauteuil roulant.»
Large réflexion
De fil en aiguille, « une solution à un handicap entrainant une recherche de solutions pour d’autres », le Théâtre a également entamé une large réflexion pour l’accessibilité des personnes sourdes et malentendantes. «Le handicap auditif est malheureusement un handicap invisible, nous avons donc à notre corps défendant un peu tardé à le prendre en compte en termes d’accessibilité,ajoute Ghalas Charara. Nous entendons bien mettre désormais les bouchées doubles pour rétablir cette injustice».
« L’accès à la culture est un droit et il est de notre responsabilité de mettre en place ce qui il faut pour que les personnes en situation de handicap auditif puissent elles aussi bénéficier de nos spectacles », renchérit Ruth Muganga, responsable de la communication du Théâtre de l’Usine.
Cet engagement trouve déjà une première matérialisation par la mise en place dès cette année, pour un coût d’environ 15’000 francs, d’une boucle auditive, en lieu et place d’une boucle magnétique, impossible à installer en raison de la proximité du barrage du Seujet, juché sur le Rhône et dont la fonction est de contribuer à réguler le lac Léman.
« Nous avons donc privilégié la solution de la boucle auditive via le wifi, détaille Ghalas Charara. Grâce à des micros supplémentaires disposés dans la salle, la personne pourra entendre directement dans son appareil auditif. Nous procèderons aux premiers tests en situation réelle lors de notre prochain spectacle Terminale Hysteria, prévu du 28 au 30 mars prochains ».
Surtitrage
L’autre grand chantier est celui du surtitrage. Forts d’une première expérience réussie l’année passée dans la traduction surtitrée d’un spectacle du portugais à l’anglais et au français, des services de surtitrage devraient être proposés très rapidement au public ayant un déficit d’audition. « Même si ce ne sera pas possible pour tous les spectacles en raison des spécificités de chaque mise en scène, nous avons l’ambition d’étendre au maximum le surtitrage aux sourds et malentendants».
A terme, et en fonction des finances disponibles, le Théâtre aimerait même pouvoir engager une personne capable de signer en langue des signes afin de favoriser l’accueil de personnes qui n’oralisent pas. Afin d’en informer le public le plus large possible, toutes ces mesures, y compris celles développées pour d’autres publics comme les personnes ayant un déficit visuel et qui bénéficient elles-aussi de mesures d’accessibilité spécifiques, feront l’objet d’une large diffusion par les canaux usuels : site internet, newsletter, réseaux sociaux.
Dans les cantons
9 mars 2025
Publié le :