MAGAZINE

FoRom écoute: un congrès consacré à la lecture labiale
Le samedi 24 mai dernier, plus d’une centaine de malentendants en provenance de toute la Romandie ont afflué à Lausanne pour assister au traditionnel congrès annuel de FoRom écoute. La lecture labiale, thème de cette édition, a été plébiscitée par les participants.
Un salon plein à craquer ! C’est en effet dans une des magnifiques salles de l’Hôtel Palace Lausanne que s’est déroulé le traditionnel congrès organisé chaque année par FoRom écoute. Et cette fois-ci, c’était carton plein, puisque près de 110 personnes, en provenance de tous les cantons romands ont fait le déplacement dans la capitale vaudoise.
Et pour cause, puisque la thématique retenue pour cette édition avait de quoi fédérer le plus grand nombre : « la lecture labiale, une aide bienvenue pour les malentendants ». Art subtil de lire sur les lèvres et/ou de décrypter un message en déchiffrant également les mimiques du visage tout en faisant appel à l’indispensable suppléance mentale, la lecture labiale est, comme la prose de M. Jourdain, spontanément pratiquée par tous les malentendants et sourds, souvent sans même en avoir conscience.
Attention extrême
Seulement voilà : l’apprendre au travers de cours structurés et assurés par des enseignants spécifiquement formés, permet d’améliorer considérablement ses capacités de compréhension. C’est la raison pour laquelle l’intervention de la principale oratrice de la journée a suscité une extrême attention de la part du public.
Enseignante depuis plus de 40 ans, et aujourd’hui à la retraite, Claudine Kumar a en effet au cours d’une intervention très pédagogique et assortie d’un large survol historique, détaillé les fondements théoriques de l’enseignement de la lecture labiale. Un enseignement qui implique non seulement une rigueur irréprochable mais aussi la maîtrise de soubassements méthodologiques qui ont été largement théorisés et développés par de nombreux chercheurs et enseignants depuis plus de 150 ans.
Dans la deuxième partie de son intervention, l’oratrice est ensuite revenue sur son propre parcours, présentant au public le résultat et le bilan de ses nombreuses décennies d’expérience. Le clou de la matinée revient enfin à la table ronde qui a vu six personnes malentendantes raconter et expliquer en quoi la maîtrise de la lecture labiale avait pu changer leur vie quotidienne en profondeur, en particulier dans le cadre professionnel.
Pour les six témoins qui ont accepté de livrer leur expérience personnelle, la maîtrise de la lecture labiale, quoiqu’ardue et demandant un véritable investissement en termes aussi bien de temps que d’efforts, est incontournable, tant les appareils auditifs ou les implants cochléaires restent insuffisants pour garantir des aptitudes complètes d’interactions sociales ou professionnelles.
Financement
La matinée, déjà fort riche en enseignements, s’est clôturée par une brève présentation de l’ARELL, l’association romande des enseignantes en lecture labiale qui coordonne le travail de ces professionnelles spécialisées, ainsi qu’une rapide mise en perspective des modalités de financement des cours de lectures labiale : soit par l’AI dans le cas de cours individuels, soit par FoRom écoute qui depuis des années, prend en charge l’organisation et le financement des cours collectifs. Les apports publics étant très limités, c'est grâce à une recherche active de fonds menée par les collaborateurs de la fondation, sous l'impulsion du président Laurent Huguenin, que ce financement permet ainsi de prendre en charge l'intégralité des cours collectifs si appréciés des malentendants et si indispensables à leur progression.
Dans l’après-midi, ce fut au tour de l’ingénieur montpellierain Anthony Denux, lui-même enfant de parents sourds, de présenter la solution innovante Reeflect développée par la start-up qu’il a fondée. A l’instar de la lecture labiale, Reeflect, un système de domotique de sécurité fondé sur l’intelligence artificielle qui informe les sourds et malentendants, via des alertes lumineuses spécifiques, de chaque évènement qui survient dans leur domicile, s’inscrit ainsi dans l’écosystème des moyens disponibles pour améliorer les aptitudes de compréhension et d’interaction des personnes sourdes ou malentendantes.
Comme toujours, cette très enrichissante journée de congrès s’est terminée par une séance consacrée aux questions du public, qui par sa participation et son engagement, a encore une fois confirmé son vif intérêt pour les très concernantes thématiques qui chaque année depuis plus de 20 ans, lui sont proposées par FoRom écoute.
La totalité des interventions de la journée, en dehors de la table ronde consacrée à la lecture labiale pourront très prochainement être intégralement visionnées sur la chaine youtube de FoRom écoute.
Point fort
1 juin 2025
Publié le :

A Lausanne, un concert spécifiquement destiné aux sourds et malentendants
Le 15 mai prochain, la Haute Ecole de Musique de Lausanne proposera « La danse macabre », une œuvre de Camille Saint-Saëns, à découvrir à travers la langue des signes et… des vibrations. Le concert est gratuit, sur inscription.
Minuit sonne... C’est l’heure d’une danse endiablée, et c’est Satan qui conduira le bal…
Imagée et dansante, la « Danse Macabre », œuvre du célèbre compositeur Camille Saint-Saëns décrit un bal des morts dans un cimetière, entre minuit et le lever du jour. On y croise même la Mort en personne accorder son violon grinçant.
Si vous êtes malentendant ou sourd, ce concert est pour vous. Prévu le jeudi 15 mai au BCV Concert Hall de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU), cette manifestation unique et gratuite (sur inscription) est en effet spécifiquement conçue pour les personnes présentant un handicap auditif.
Projet de recherche
Sa particularité ? Elle propose de découvrir la musique classique en explorant l’œuvre à travers les vibrations, la langue des signes française, ou encore des échanges avec les musiciens…
« Ce concert s’inscrit dans la 2ème phase du projet SensiMUS porté par la HEMU dont la première étape visait à étudier l'effet des gilets vibrants sur les concerts, explique Lucile Arnold, assistante du projet de recherche. Cette 2ème phase a quant à elle pour but de personnaliser les approches de médiations musicales pour les besoins des personnes malentendantes, tout en contribuant à la formation des futurs professionnels de la musique en matière d'inclusion culturelle. Il s’agit vraiment d’un projet très ambitieux ».
Chants poèmes et concert
De fait, ce concert a été créé par des étudiants de l’HEMU ainsi que des personnes malentendantes et aura recours à différents instruments ou planchers vibrants sans compter des effets de lumière, d’abord articulés autour de chants et de poèmes puis suivis de l’œuvre de Saint-Saëns interprétée par un ensemble instrumental formé d'une dizaine d'étudiants de la HEMU
« Notre objectif est de collecter ensuite les avis des personnes présentes dans le public afin d’évaluer comment elles ont accueilli le concert, et de voir ensuite ce que l’on améliorer, ajoute Lucile Arnold. Le tout avec également l’intention de former de former les futurs professionnels de la musique à la médiation et l'accessibilité aux personnes malentendantes et sourdes ».
Jeudi 15 mai à 19h, à la HEMU de Lausanne BCV Concert Hall (Voie du Chariot 23
1002 Lausanne). Entrée dans la limite des places disponibles. Inscription obligatoire ici
Point fort
6 mai 2025
Publié le :

L’EPFL a mis au point un implant cérébral qui promet de mieux restaurer l’audition
Des chercheurs de l’EPFL ont mis au point un implant auditif cérébral souple qui s’adapte à la forme du cerveau et présage d’une excellente restitution de l’audition. Si les premiers résultats observés sur des singes sont très encourageants, les applications cliniques chez les humains prendront encore de nombreuses années.
L’implant cochléaire, dont une bonne part de la conception s’est déroulée à Genève, a permis à plusieurs centaines de personnes en Suisse de recouvrer l’audition, avec une qualité de restitution variable, mais également au prix de gros efforts d’apprentissage, avec le soutien d’un logopédiste. Une condition sine qua non à la réussite de toute implantation : l’existence d’un nerf auditif intact et préservé.
Pour les malentendants ou sourd dont le nerf serait atteint ou endommagé, la médecine avait recours à des implants auditif du tronc cérébral. Seulement voilà : trop rigides, la pose de ceux-ci conduisait à de nombreux effets secondaires, tels que des vertiges ou des contractions faciales, avec à la clé, des sons vagues, et même des paroles perçues comme étant peu intelligibles.
C’est là qu’intervient une découverte majeure : un implant auditif cérébral souple et ultra fin, récemment mis au point par le laboratoire d’interfaces bioélectroniques souples (LSBI) de l’EPFL. « Composé d’électrodes en platine de l’ordre du micromètre intégrées dans une couche de silicone, il forme un dispositif flexible de seulement quelques fractions de millimètre d’épaisseur. Cette approche novatrice, publiée dans Nature Biomedical Engineering, permet un meilleur contact avec les neurones, réduisant ainsi l’activation de nerfs non ciblés et les effets secondaires associés » explique la prestigieuse école dans un communiqué publié en avril dernier.
Etape cruciale
« Concevoir un implant souple qui s’adapte véritablement à l’environnement du tronc cérébral est une étape cruciale pour restaurer l’audition chez les personnes ne pouvant pas utiliser d’implants cochléaires. Nos résultats chez le macaque sont très encourageants pour une future application clinique et ils ouvrent la possibilité d’offrir une audition plus riche et plus précise », explique encore Stéphanie P. Lacour, responsable du LSBI.
« Notre objectif principal était d’exploiter les interfaces bioélectroniques souples pour améliorer la proximité entre l’électrode et les cellules nerveuses afin d’obtenir une audition à haute résolution », ajoute Alix Trouillet, ancienne postdoctorante à l’EPFL et première coautrice de l’étude. « Si la matrice d’électrodes suit naturellement la courbure du tronc cérébral, les seuils d’activation sont abaissés, permettant ainsi de diminuer l’amplitude de la stimulation et maintenir plus d’électrodes actives. »
L'un des résultats remarquables de l’étude est l’absence d’effets secondaires notables, notent les chercheurs qui constatent que dans la gamme de courants électriques testée, l’animal n’a montré aucun signe d'inconfort ou de contractions musculaires autour du visage, ce dont se plaignent souvent les utilisateurs d’implant auditif du tronc cérébral.
Actualités
22 mai 2025
Publié le :