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Une journée d’échanges sur la pratique des professionnels de la surdité
Quelle que soit la profession que l’on exerce, la prise en charge des personnes sourdes et malentendantes implique la maîtrise de compétences élargies et spécifiques. En novembre dernier, des professionnels de la surdité se sont réunis à Genève pour partager leurs expériences.
Soigner, prendre en charge, accompagner, soutenir ou aider les personnes atteintes de surdité ou de perte auditive n’est pas une démarche aisée. Celle-ci sous-entend en effet des compétences et des aptitudes spécifiques que seule une longue expérience peut permettre d’acquérir. Et c’est bel et bien en vue de partager ces expériences qu’une vingtaine de professionnels romands de la surdité, de tous horizons - psychologues, enseignants, éducateurs sociaux, responsables de projets, physiothérapeutes etc - se sont réunis en novembre dernier à Genève pour une journée de formation organisée par le Groupe Romand des Professionnels de la Surdité.
« Je pense qu’il est important de partager tout ce que l'on fait pour apprendre les uns des autres et mieux adapter nos pratiques aux personnes sourdes et malentendantes, explique Joëlle Jaunin, physiothérapeute. Ces pratiques demandent des adaptations constantes de notre part, ce qui d’ailleurs a l’avantage d’inverser la logique qui veut qu’il appartient toujours aux sourds et malentendants de consentir l’effort d’adaptation ».
Mise en commun des expériences
« La surdité est un monde spécifique et très petit et dans lequel on manque souvent d'informations, ajoute Julie Battistolo, travailleuse sociale. La mise en commun des expériences est donc très importante, d’autant que bien des professionnels non sensibilisés à la surdité ont tendance à penser qu'ils comprennent ce monde si particulier. Se rencontrer pour établir des liens et réfléchir à nos expériences est donc vraiment important ».
La première partie de la journée a été consacrée à la récolte des problématique présentées par les différents professionnels présents, chacun présentant d’abord à un binôme, puis à l’ensemble du groupe, une situation professionnelle particulière à laquelle il aura réfléchi en amont. Le tout, sous la supervision d’Anandy Clerc, travailleuse sociale et intervenante en analyse des pratiques.
« Mon rôle au cours de cette journée est d'intervenir pour accompagner la réflexion des professionnels dans l’objectif de modéliser leur pratique, explique-t-elle. L’idée est que l’on ne se restreigne pas à un simple partage d’expériences, mais qu’à partir des situations professionnelles explorées le matin, on parvienne au cours de l’atelier réflexif de l’après-midi, à une mise en perspective et à une modélisation des contours des métiers de la surdité ».
Diversité des points de vue
Fondée sur la méthode dite de Fishbowl (Aquarium, ndlr), structurée autour d’un petit groupe placé au centre d’un cercle (le bocal), l’animation avait ainsi pour objectif de favoriser les échanges tout en maintenant une structure claire qui permette une diversité des points de vue, assortie d’une dynamique d’écoute active.
« Il y avait clairement un manque et une attente de cet espace élargi pour réfléchir à nos pratiques de manière concrète, et qui s’étaient exprimés durant nos précédents journées de formation, par tradition beaucoup plus théoriques » conclut Susana Sanina, présidente du GRPS qui ajoute : « L’avantage, c’est que la journée d’aujourd’hui a non seulement été une occasion d’apprendre et de réfléchir à nos pratiques, mais aussi de créer du lien entre les participants, ce qui a aussi fait du bien à tout le monde ».
Dans les cantons
8 décembre 2025
Publié le :

Une jeune Valaisanne conçoit un kit pour aider les enfants sourds à la piscine
Âgée de 23 ans, Claudia Dussex, sourde implantée, a conçu « Minô va à la piscine ». Son objectif ? Aider les maîtres-nageurs et les enseignants à accompagner les jeunes enfants sourds pendant leurs cours de natation.
« Tout le monde ne connaît pas la langue des signes ou la langue parlée complétée, c’est pour cela que j’ai essayé de créer un moyen de communication basé essentiellement sur des images et un peu de texte, et donc accessible à tout le monde ». Ce moyen de communication original et créatif, c’est tout simplement un kit pédagogique visuel, intitulé « Minô va à la piscine » et destiné à accompagner les enfants sourds en cours de natation.
Et son auteure est à peine âgée de 23 ans. Née sourde des deux oreilles, implantée à gauche à l’âge d’un an et demi, Claudia Dussex est détentrice d’un bachelor en communication visuelle qu’elle vient de décrocher, après 3 ans de formation à la Haute Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève.
Mémoire de fin d’études
L’idée de son kit lui est venue lorsque, dans le cadre de son mémoire de fin d’études, elle s’intéresse aux outils de communication destinés aux sourds et malentendants et présents dans les lieux publics. « J’ai analysé différents endroits, cinémas, piscines, écoles, musées, etc. et j’ai constaté qu’il n’y avait rien dans les piscines. Et immédiatement, cela a fait écho à l’expérience de l’enfant que j’étais, et qui avait tant de mal à communiquer avec ceux qui l’accompagnaient à la piscine ».
Aussitôt, alliant son vécu de sourde et ses compétences en graphisme, elle se lance dans l’élaboration du prototype de « Minô va à la piscine », si utile aux enfants qui à la piscine, doivent se séparer de leurs implants ou de leurs appareils auditifs.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Destiné aux enseignants et aux maîtres-nageurs dispensant des cours de natation aux enfants de 6 à 10 ans, ce kit se compose en premier lieu de deux fiches informatives à utiliser avant le cours de natation, l’une présentant les règles générales de la piscine, et l’autre, les 9 étapes - et autant de consignes -, qui encadrent le déroulé du futur cours, avant et après le « plouf » dans l’eau.
Ces étapes sont du reste, résumées en pictogrammes dans un bracelet en silicone que l’enfant pourra prendre ensuite avec lui à l’intérieur de la piscine. En outre, et pendant le cours, l’enseignant ou le maître-nageur dispose d’un sac contenant des cartes illustrées destinées à préciser visuellement les consignes aux enfants sourds, afin de leur permettre de suivre l’activité comme les autres enfants.
Minô le chat
Fil conducteur de l’ensemble, le personnage de Minô, le chat que l’on retrouve sur tous les supports du kit. « J’ai moi-même un chat, explique Claudia. Et comme les chats ont peur de l’eau, j’ai utilisé cette contradiction pour créer un personnage qui permet à l’enseignant de montrer que même un chat qui craint l’eau est capable de nager. C’est donc rassurant et encourageant pour les enfants »
Très complet, « Minô va à la piscine » a valu la superbe note de 5.5 à sa conceptrice qui n’a pas ménagé ses efforts pour l’élaborer, suivant une classe genevoise durant ses cours de piscine, et testant le prototype auprès d’enfants sourds et de maîtres-nageurs qui l’ont adoubé et plébiscité.
Élaboré, pensé, fabriqué, testé et primé, « Minô va à la piscine » est désormais fin prêt pour une nouvelle vie, en dehors du cadre de la formation professionnelle. « Je suis désormais tout à fait prête à le commercialiser, explique Claudia Dussex qui ne manque pas de suite dans les idées. Mon plus grand souhait, ce serait d'avoir une petite entreprise dédiée à Minô, en le déclinant sous forme de goodies (petits objets promotionnels, ndlr). L’étape suivante, ce serait bien sûr de décliner le kit dans d’autres contextes que celui de la piscine, comme par exemple les camps de vacances, le ski, la plage, etc ».
Point fort
1 décembre 2025
Publié le :

L’appareillage précoce limite le risque de démence
Une récente étude américaine portant sur près de 3000 personnes suivies durant deux décennies le démontre : plus on s’appareille précocement, et plus le risque de voir apparaître une démence est faible.
Les signes sont de plus en plus probants. Après une récente étude de l’université de Genève, c’est une nouvelle recherche du Framingham Heart Study, publiée ce mois de septembre dans le célèbre JAMA Neurology qui le confirme : après l’âge de 60 ans, le port d’appareils auditives limite le risque de voir apparaître une démence au cours des deux décennies suivantes.
« Cette étude sur les participants de Framingham suggère que la gestion de la perte auditive au cours de la vie grâce à une amélioration de l'audition par l'utilisation d'appareils auditifs pourrait bel et bien aider à protéger le cerveau et à réduire le risque de démence », a ainsi déclaré à MedPage Today, la neurologue Sudha Seshadri, coautrice de l’étude, qui ajoute : « cela veut dire que la perte auditive doit être considérée comme un facteur de risque de la démence et qu’il est donc important de la prendre en charge quel que soit l’âge. »
Intervention précoce
De nombreuses études ont jusqu’à présent démontré l’avantage protecteur que les appareils auditifs représentent en matière de démence, mais elles se sont principalement concentrées sur les personnes âgées de plus de 70 ans. La recherche du Framingham Heart Study a ceci de nouveau qu’elle est la première à identifier que la réduction du risque dépend de l'intervention précoce pour la prise en charge de la perte auditive.
L’étude de Sudha Seshadri a porté sur 2 953 participants sans démence âgés de 60 ans ou plus et qui ont tous fait l’objet d’une audiométrie au ton pur et d’un suivi pour la démence durant 20 ans, sur la base des critères défini par le DSM-V, le célèbre manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, établi par l’American Psychiatric Association (APA).
Association avant 70 ans
Fait significatif : l’étude n’a ainsi objectivé aucune association entre l'utilisation d'aides auditives et la démence incidente chez les personnes âgées de 70 ans et plus. En revanche l’association a été établie pour… les participants plus jeunes et pour lesquels l’usage de l’appareillage auditif constituait une véritable variable de réduction du risque d’apparition de démence.
Selon les chercheurs, la causalité du lien entre perte auditive et déclin cognitif serait multifactorielle : isolement social et manque de stimulation, dépression, maladies cardiovasculaires figurent ainsi parmi les facteurs évoqués.
Actualités
24 novembre 2025
Publié le :










