Publié le: 08 avril 2021

Bientôt un quart de la population mondiale en déficience auditive ?

Bientôt un quart de la population mondiale en déficience auditive ?

A l’occasion de la Journée mondiale de l’audition, le 3 mars 2021, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié, pour la première fois de son histoire, un rapport mondial entièrement consacré à la problématique de l’audition. Avec un constat alarmant : d’ici 2050, le quart de la population mondiale souffrira de déficience auditive.

Près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffrira de déficience auditive à des degrés divers d’ici à 2050 avertit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un premier rapport mondial sur l’audition publié au début du mois de mars dernier et qui témoigne de son implication croissante dans cette problématique. Il faut dire que la situation est inquiétante. Pour l’organisation en effet, « si l’on ne fait rien, au moins 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auriculaires et auditifs et d’autres services de réadaptation. »

« L’ouïe est précieuse. Une déficience auditive non soignée peut avoir des effets dévastateurs sur l’aptitude des personnes à communiquer, à s’instruire et à gagner leur vie. Elle peut aussi avoir des répercussions sur la santé mentale et sur la capacité à entretenir des relations », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Ce nouveau rapport révèle l’ampleur du problème, mais propose aussi des solutions sous la forme d’interventions scientifiquement fondées que nous invitons tous les pays à intégrer dans leur système de santé pour avancer sur la voie de la couverture sanitaire universelle. »

Actions à intensifier

Publié juste avant la Journée mondiale de l’audition le 3 mars, le rapport montre qu’il faut intensifier rapidement l’action menée pour prévenir et combattre la perte d’audition en investissant dans les soins auriculaires et auditifs et en les rendant plus largement accessibles. Il a d’ailleurs été établi que les investissements dans ces soins étaient rentables, l’OMS estimant que pour 1 dollar US investi, les gouvernements peuvent escompter un gain indirect de près de 16 dollars.

Ce rapport mondial sur l'audition s’inscrit dans la foulée d’une résolution de l'Assemblée mondiale de la Santé adoptée en 2017, et appelant les Etats Membres à intégrer les soins de l’oreille et de l’audition dans leurs plans nationaux de santé. Il dresse non seulement un bilan épidémiologique, financier et international de l’audition, mais recommande également une stratégie gouvernementale, et des actions prioritaires pour augmenter les soins auditifs pour 90 % de la population mondiale d'ici 2030.

Stratégies nationales

Le rapport indique en outre que la langue des signes et d’autres moyens de substitution sensorielle comme la lecture labiale sont des solutions importantes pour beaucoup de personnes sourdes et malentendants ; d’autres technologies et services d’assistance comme le sous-titrage et l’interprétation en langue des signes peuvent également améliorer encore la communication et l’apprentissage pour les personnes atteintes d’une déficience auditive.

« Pour que les avantages de ces progrès et solutions technologiques soient équitablement accessibles à tous, les pays doivent adopter une approche intégrée et centrée sur la personne », a déclaré la Dre Bente Mikkelsen, Directrice du Département Maladies non transmissibles à l’OMS. « Il est essentiel d’intégrer les soins auriculaires et auditifs dans les plans de santé nationaux et de les dispenser dans des systèmes de santé renforcés, au titre de la couverture sanitaire universelle, pour répondre aux besoins des personnes à risque ou atteintes d’une déficience auditive. »

 

Les principales conclusions du rapport

Le manque d’informations exactes et la stigmatisation des maladies de l’oreille et de la déficience auditive limitent fréquemment l’accès aux soins. Souvent, même le personnel soignant manque de connaissances en matière de prévention, de dépistage précoce et de prise en charge de la perte d’audition et des maladies de l’oreille, et n’est donc pas en mesure de dispenser les soins nécessaires. Dans la plupart des pays, les soins auriculaires et auditifs ne sont pas encore intégrés au système de santé national et les personnes souffrant de maladies de l’oreille ou de déficience auditive ont difficilement accès aux soins. En outre, l’accès à ces soins n’est guère mesuré et étudié, et le système d’information sanitaire est dépourvu d’indicateurs sur ce problème.
Mais c’est dans le domaine des ressources humaines que le manque de moyens du système de santé est le plus flagrant. Dans environ 78 % des pays à faible revenu, il y a moins d’un spécialiste ORL pour un million d’habitants ; 93 % de ces pays ont moins d’un audiologiste pour un million d’habitants ; seulement 17 % ont au moins un orthophoniste pour un million d’habitants ; et 50 % ont au moins un enseignant pour malentendants pour un million d’habitants. D’après le rapport, il est possible de combler ce manque en intégrant les soins auriculaires et auditifs dans les soins de santé primaires grâce à des stratégies comme le partage des tâches et la formation.
Enfin, même dans les pays où la proportion de professionnels des soins auriculaires et auditifs est relativement élevée, les spécialistes sont inégalement répartis. Ces disparités non seulement créent des difficultés pour les personnes qui ont besoin de se faire soigner, mais imposent une charge excessive aux catégories de personnel assurant ces services.
Télécharger le rapport (en anglais)