Publié le: 04 novembre 2022

Comment Genève vérifie les appareils auditifs en EMS…

Comment Genève vérifie les appareils auditifs en EMS…

Ancienne infirmière, Marylise Pesenti est la seule conseillère en appareils auditifs de Suisse romande. Pour le compte de l’Association genevoise des malentendants, elle sillonne les EMS genevois pour contrôler le bon fonctionnement des appareils auditifs de leurs résidents.

Nous sommes au sein d’un établissement médico-social (EMS) genevois. Affairée sur son plateau qu’elle promène de chambre en chambre, Marylise Pesenti nettoie, ausculte et contrôle l’appareil auditif qu’elle a entre les mains. Avant de le remettre délicatement sur l’oreille de sa propriétaire, qui se confond en remerciements. Son métier ? Conseillère en appareils auditifs, une fonction unique en Suisse et qu’elle occupe depuis 15 ans pour le compte de l’Association genevoise des malentendants. Son objectif ? Visiter tous les seniors dotés d’appareils acoustiques et qui ont des problèmes de mobilité.

Chaque « consultation » dure entre 5 et 15 minutes, selon l’état de l’appareil examiné. « Parfois c’est un peu plus compliqué que d’autres, mais d’une manière générale, on ne dépasse pas le quart d’heure explique-t-elle. Mon travail est de contrôler l’état de l’appareil, de remplacer les piles si nécessaire et de vérifier si les oreilles des résidents en EMS ne sont pas bouchées par du cérumen. Dans ce cas, je le signale au personnel soignant qui transmettra ensuite au médecin ».

Lien avec les soignants

Chaque visite en EMS de Maryse Pesenti commence et se termine en effet par un point de situation avec les équipes soignantes qui lui signalent les éventuelles difficultés d’audition d’un ou d’une résidente, ainsi que l’arrivée de nouveaux patients. La fin de la tournée fait également l’objet d’un rapide compte rendu au bout duquel Marylise résume ce qu’elle a pu constater, signale les appareils détériorés et un éventuel besoin d’orienter un résident vers un médecin ou un acousticien.

Presque chaque jour, Marylise Pesenti sillonne ainsi le canton de Genève pour aller à la rencontre, toutes les six semaines, de chacun des patients qu’elle suit, environ 150 au total. « C’est un métier où je me sens très utile, explique cette ancienne infirmière. Parfois je me prends un peu pour une magicienne ajoute-t-elle en riant, surtout quand le patient entend mieux après mon passage et que ses yeux s’éclairent de joie. Cela dit, je demande que de manière systématique chaque patient consulte un acousticien au moins une fois par an, pour s’assurer des réglages  ».

Au-delà de la satisfaction à améliorer la vie quotidienne des plus âgés – et de la peine de voir si souvent les patients, très âgés, décéder – le métier de conseillère en appareil auditif implique aussi de se maintenir à jour en termes techniques, afin de connaître au mieux les appareils manipulés. L’autre enjeu est clairement de maintenir avec les EMS la collaboration la plus étroite possible. Sur les quelque 46 EMS genevois, Marylise travaille ainsi avec 35, les autres s’étant pour la plupart assuré directement les services d’un acousticien. « Chaque fois qu’un nouvel EMS ouvre, je prends contact afin de mettre en place une collaboration » , explique-t-elle.

Financement fragile

Reste la question du financement. Alors que depuis de nombreuses années, le lien entre perte auditive et déclin cognitif est confirmé et corroboré par de nombreuses études internationales, alors qu’une grande majorité des personnels dans les EMS ne sont pas sensibilisés aux problématiques de l’audition, aucun mode de financement pérenne des prestations assurées par Marylise n’est actuellement mis en place en Suisse. Chaque visite coûte une cinquantaine de francs, sauf dans le cas où la personne âgée est au bénéfice des prestations complémentaires cantonales, un vrai progrès que seul le canton de Genève a octroyé. « La majorité de nos patients bénéficient d’un financement via ce biais explique Marylise. Mais beaucoup d’autres, qui n’ont pas les prestations complémentaires y renoncent malheureusement, car ils n’ont pas le moyen de payer. C’est d’autant plus dommage qu’en Suisse, les EMS bénéficient de subventions pour les moyens auxiliaires et tous les malentendants seniors devraient pouvoir en bénéficier ».

Association genevoise des malentendants : www.agdm.ch