Publié le: 15 novembre 2015

Elvire Egger : « Les études ont forgé mon caractère ! »

Elvire Egger : « Les études ont forgé mon caractère ! »

Nous l’avions rencontrée en 2012, au moment où elle entamait ses études à l’Université de Lausanne. Trois ans après, la Jurassienne Elvire Egger, malentendante de naissance qui vit dans la région de La Chaux-de-Fonds, vient de décrocher son bachelor, à 21 ans. Et ce n’est pas fini !

Il y a trois ans, au début de vos études, vous reconnaissiez avoir « pris une claque ». Pourquoi ?

L’université est très différente de ce que j’avais connu avant. C’est très grand et on y est livré à soi-même. On doit donc se gérer, et si on ne travaille pas, il faut assumer au moment des examens. Heureusement, après les premiers mois, tout a été bien mieux et plus facile car je me suis adaptée à ce rythme si différent. D’ailleurs, avec le recul, je me suis rendu bien compte à quel point la première année d’études universitaires est volontairement conçue pour être sélective.

Qu’avez-vous obtenu comme diplôme ?

En juin dernier, j’ai obtenu un bachelor en sciences de l’environnement.

Sciences de l’environnement ! Quels sont les débouchés de ce type d’études?

Ils sont nombreux, surtout avec les problématiques actuelles. On peut travailler dans les ONG, dans le système des Nations unies, mais aussi dans les administrations cantonales ou même fédérale à Berne !

Comment se sont déroulées ces études, au niveau du contenu ?

C’est sûr, en maths ou en chimie par exemple, il faut être à jour (rires) ! Mais d’une manière générale, quand on aime, c’est bien plus facile ! Or l’environnement et la climatologie, c’est ma grande passion ! J’ai donc tenu le coup parce que j’étais très motivée.

Vous êtes malentendante de naissance. Vos difficultés auditives vous-ont-elles posé des problèmes ?

Pas vraiment, car je suis appareillée et du coup j’entends plutôt bien ! Avec certains profs qui articulaient mal ou n’utilisaient pas leur micro, ça a été un peu plus dur, c’est sûr, mais tous les étudiants le ressentaient ! Pour ma part, en cas de problème j’essaye de me placer plus près du professeur. En tout cas, je n’ai jamais eu besoin de dire que j’étais malentendante !

Avez-vous travaillé pendant vos études ?

Non pas vraiment, mis à part des petits jobs d’étudiants, par-ci par-là. J’ai beaucoup de chance, mes parents me financent pour l’essentiel, et je leur en suis très reconnaissante. C’est aussi pour cela que j’estime important de me montrer à la hauteur !

En dehors du savoir acquis, que vous ont également apporté ces études ?

Je dirais encore plus de caractère ! J’ai toujours su ce que je voulais et je n’avais pas pour habitude de me laisser marcher sur les pieds. Mais ces trois années m’ont encore plus poussée à dire ce que je pense (rires) !

Avez-vous tout de même eu le temps pour des loisirs ?

Pas beaucoup, à part un peu de fitness, quelques sorties en concert et un ou deux voyages.

Que faites-vous maintenant que votre diplôme est obtenu ?

D’autres études ! J’entame un master en sciences de l’environnement, mais cette fois à l’Université de Genève. Ce master est le seul en Suisse, avec Berne et Zürich, à comprendre une spécialisation en climatologie, ce devrait me permettre de travailler plus facilement dans ce domaine. La logique pour un master est très différente de celle que j’ai connue durant mon bachelor : il y a beaucoup plus de travaux personnels à rédiger et une plus grande part à la réflexion. Quoi qu’il en soit, j’espère décrocher ce diplôme dans deux ans…

Vous avez donc déménagé à Genève ?

Non pas du tout, je préfère rester chez moi dans la région de la Chaux-de-Fonds, et faire des allers et retours. En première année à Lausanne, j’avais tenté la colocation. Et cela s’était plutôt mal passé, donc j’ai préféré rentrer chez moi tous les soirs (rires) !

Et que pensez-vous faire après votre master ?

Je suis de plus en plus attirée par la météorologie qui travaille sur des échéances bien plus courtes que la climatologie, qui couvre des années et des décennies ! Il semble que Météosuisse propose une formation d’une année. Alors, je me dis, pourquoi pas, ça élargirait aussi les possibilités futures d’emploi. Mais rien n’est décidé, j’ai encore le temps d’y réfléchir, et je pourrais très bien aussi m’engager dans la recherche…

 

 

Propos recueillis par Charaf Abdessemed