Publié le: 16 septembre 2010

Fiona Vullo : « Je me sens bien comme je suis ! »

Fiona Vullo : « Je me sens bien comme je suis ! »

Plus qu’un handicap, la malaudition peut représenter une chance. Entretien avec Fiona Vullo, une jeune Lausannoise coquette et pleine de vie, qui envisage l’avenir avec confiance.

Comment êtes-vous devenue malentendante ?

On a découvert ça par hasard, à l’âge de trois ans au cours d’un contrôle de routine. J’avais une faible perte de mon acuité auditive, et personne ne s’en était rendu compte !

Vous considérez-vous comme une personne différente des autres ?

J’ai une vie différente, oui, car il y a beaucoup d’obstacles à contourner, même si j’ai tout de suite été appareillée. Et puis, ce n’est pas toujours facile d’admettre que l’on ne peut pas faire certaines choses. Chaque fois que je bloque, je me dis : « ce  n’est pas juste ! ». Mais c’est vrai qu’il est toujours dans mon caractère de chercher à surmonter les obstacles pour atteindre mon objectif…

Auriez-vous aimé être « bien entendante » ?

Plus jeune, certainement. Mais aujourd’hui, je me sens bien comme je suis, je n’ai plus envie de cacher mes appareils auditifs. Être différent peut être un atout, une richesse qui permet de forger sa personnalité !

Après votre baccalauréat, vous avez entamé des études à l’université…

Quand on est différent, un diplôme représente un socle sur lequel on peut s’appuyer, une sorte de protection dans la vie. Après mon bac, j’ai entamé l’année dernière des études en médecine dentaire. Mais aujourd’hui, même si devenir dentiste était un rêve d’enfant, j’envisage de me reconvertir et de devenir nutritionniste ou diététicienne.

Votre handicap est-il en cause dans cette reconversion ?

En partie oui, car étudier exige de gros efforts pour un malentendant. Mais il y aussi le fait qu’il s’agissait d’études universitaires et que le niveau était très exigeant ! Cela  n’a pas été facile de renoncer, d’admettre qu’il fallait essayer autre chose.

Vous êtes la première étudiante à avoir reçu le Prix aux élèves malentendants…

Ça a été une grande surprise. J’ai été très touchée que quelqu’un ait pensé à m’encourager, à mettre en valeur ma différence…

Pourquoi vous être engagée au sein  de la commission « Jeunesse » de forom écoute ?

Cela s’est fait par hasard. Michèle Bruttin (la vice-présidente de forom écoute, ndlr) travaillait dans l’école où j’étais. Un jour elle m’a proposé d’entrer dans la commission. Je me suis dit qu’avec mon expérience, je pouvais apporter quelque chose aux autres. Je sens que les choses sont en train de démarrer et j’ai hâte de voir ce que cela va donner dans quelques années !

Propos recueillis par Charaf Abdessemed

 

[zone]Prix aux élèves malentendants

Depuis 2004, forom écoute distingue les élèves malentendants romands qui ont atteint avec succès la fin de leur scolarité obligatoire. En six ans, plus d’une centaine d’élèves, originaires de tous les cantons romands ont été déjà primés et récompensés pour les efforts méritoires qu’ils ont consentis au cours de leur scolarité. D’une forte portée symbolique, le prix remis à ces élèves se compose d’un bon d’achat dans une librairie romande et d’un abonnement gratuit au magazine Aux Ecoutes.[/zone]