Publié le: 04 août 2022

Giada et Fabian, un couple comme les autres…

Giada et Fabian, un couple comme les autres…

Fabian est sourd profond et implanté. Giada est entendante. Lui est aussi calme qu’elle est impulsive et passionnée. Portrait d’un jeune couple qui vit à Bienne et qui a si bien su vivre avec la différence.

Ils sont âgés d’une trentaine d’années et en couple depuis déjà 7 ans. Lui est sourd profond de naissance, probablement à la suite d’une infection, et elle est tout à fait entendante. Fabian Ansermet est né à Olten et a grandi à Berne, tandis que Giada De Luca a passé toute sa vie à Bienne, où le couple vit aujourd’hui. Ce qui ne les empêche pas de travailler tous les deux juste à côté, à Neuchâtel, chacun dans une crèche différente, Fabian comme éducateur de l’enfance et Giada, comme assistante socio-éducative.

Avec de telles professions, ces deux-là étaient faits pour s’entendre, c’est d’ailleurs dans le cadre de leur travail qu’ils se sont rencontrés, au moment où Fabian effectuait un stage, quand il était encore en formation. « Au départ, nous étions les meilleurs amis du monde, raconte Giada, avant que l’on ne comprenne qu’il y avait quelque chose de plus entre nous ».

« Spontané »

Paradoxalement, le handicap auditif de Fabian, qui a été implanté cochléaire quand il avait 15 ans et oralise parfaitement, occupe une place importante dans la vie du couple, tout en n’y jouant qu’un rôle… secondaire. Secondaire parce qu’il s’agit d’un couple comme les autres, pour lequel la question du handicap ne s’était jamais vraiment posée au moment où il s’est formé: « Je travaille dans le social, donc la question du handicap n’a jamais été un problème pour moi. Beaucoup de personnes me demandent si vivre avec un sourd est difficile, sauf que moi je ne le ressens pas du tout comme cela, car c’est spontané», lance Giada, tandis que Fabian ajoute : « Pour moi non plus, sortir avec une personne entendante ou sourde n’avait aucune importance. Même si j’estime avoir de la chance que Giada m’accepte comme je suis, car je sais que d’autres femmes ont un souci avec le handicap».

Au début, avec les inévitables difficultés de communication, la relation est émaillée de quiproquos, parfois drôles, mais qu’il a bien fallu surmonter. « Avec le temps, cela a été de mieux en mieux car on a appris à bien se connaître, constate Giada. A tel point que l’on se comprend aujourd’hui sans même avoir besoin de nous parler ».

Une qualité de compréhension telle que les disputes qui ne manquent pas de survenir dans un couple – très rares entre eux - ne prennent jamais d’ampleur : « ça se termine très vite, rigole Giada. Fabian est bien plus calme que moi, il connaît mon caractère impulsif, et il laisse pisser quand je me fâche, et tout s’arrête là ». « Elle vient de Lecce, en Italie, glisse Florian, alors forcément, elle a du caractère ! ».

Débat

Malgré le handicap et les petites fâcheries ordinaires de la vie quotidienne, le couple discute et débat beaucoup, comme par exemple lorsque durant la pandémie de Covid-19,  le port du masque empêchait la lecture labiale, ce qui a suscité beaucoup d’incompréhension de la part de Fabian, désemparé de voir que si peu d’employés dans les commerces, consentaient à le retirer pour interagir avec lui. « Cela a été un grand débat entre nous, explique Giada, car Fabian a eu beaucoup de mal à accepter que l’on ne puisse pas obliger les autres à baisser leur masque ! »

Spontanément, il arrive régulièrement que Giada reformule les propos des différents interlocuteurs pour aider Fabian à les comprendre. Une sollicitude qui, loin de l’agacer, est très appréciée par Fabian : « Cela me rassure, tout simplement », constate-t-il avec son habituelle bonhomie.

Après plus de 7 ans de relation, le couple envisage de se marier et bien sûr, si Dame Nature le veut bien, d’avoir des enfants. Évidemment, là aussi, la question du handicap a fait l’objet d’une large réflexion, en lien avec la dynamique familiale future. « Pour moi, c’est très simple, mon handicap apportera de l’ouverture à cet enfant », pronostique Fabian. « Il n’y a aucun souci, rigole encore Giada. S’il n’entend pas le bébé pleurer la nuit, je ne vais pas hésiter à le réveiller ! »