Publié le: 15 juillet 2015

Habitat: Construire pour des malentendants

Habitat: Construire pour des malentendants

Le saviez-vous ? Tout comme on peut concevoir des habitations ou des bâtiments publics spécialement adaptés aux personnes à mobilité réduite ou aux personnes souffrant de troubles visuels, il est également tout à fait possible d’adapter les constructions aux sourds et malentendants.

«Cela fait trente ans que nous parlons darchitecture adaptée aux personnes en fauteuil roulant et quinze ans que la construction sans obstacles pour les aveugles et malvoyants est un tme. La construction pour les malentendants et sourds, elle a jusqu’ici été négligée », constate Joe Manser, directeur du Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, fondé en 1981 et dont le siège est à Zurich. « Il y a donc un grand retard à rattraper et une lacune manifeste, qu’il est important de combler ».

Une lacune d’autant plus inexplicable que la Suisse compte presque un million de malentendants et sourds et que ce nombre ne cesse de croître, en raison notamment du vieillissement constant de la population.

Directives techniques

Pourtant, les malentendants, aussi bien que les personnes atteintes d‘une surdité acquise ou innée, sont confrontés à de nombreux obstacles architecturaux et techniques qui représentent pour eux, un handicap supplémentaire en matière d‘autonomie et de communication.

Alors comment, sur le plan architectural, peut-on adapter une construction au handicap de personnes souffrant de déficience auditive ? Un ouvrage dénommé « La construction adaptée aux malentendants et sourds », publié en mai dernier par le Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, avec l’appui entre autres partenaires, de forom écoute, détaille les directives techniques à respecter pour atteindre cet objectif.

Ces directives sont fondées en partie sur la mise en application d’un concept novateur, intitulé « principe des deux sens », selon lequel il faut construire de manière à ce que les facultés altérées d’un sens, puissent être compensées par un autre sens. C’est d’ailleurs ce principe qui veut que, par exemple dans un ascenseur, les informations acoustiques doivent également être transmises par des messages visuels, la vue venant ainsi compenser la perte auditive.

Compensation

De fait, ce que le malentendant ne peut pas comprendre par l’ouïe, il le percevra donc par la vue, en compensation, ou même par le toucher, par exemple en percevant l’impulsion d'ouverture (vibrations matérielles) d’une porte, générée par une télécommande. Ecrans, projecteurs, moniteurs, alarmes visuelles, pictogrammes, éclairage optimal, organisation spatiale des lieux, vitrage des ascenseurs représentent ainsi un échantillon, parmi bien d’autres, des mesures qui peuvent être retenues par les concepteurs de bâtiments.

L’autre grand axe de construction est bien entendu le respect de normes acoustiques qui permettent d’améliorer l’intelligibilité de la parole (élimination de bruits perturbateurs, utilisation de revêtements phonoabsorbants, etc.), sans compter l’installation dans les locaux, de boucles magnétiques ainsi que de dispositifs d‘écoute spécifiquement destinées aux porteurs d’appareils auditifs ou d’implants cochléaires.

ChA

 

[zone]Un outil pour les architectes et les décideurs

Forte d’une trentaine de pages, la brochure « La construction adaptée aux malentendants et sourds – Exigences architecturales et techniques », a été publiée en mai dernier par le Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, sous la direction des architectes Angelo Clerici et Joe Manser. Editée avec le soutien de la Confédération, de la Fédération Suisse des Sourds, de Sonos, de Pro Audito Suisse et bien entendu de forom écoute, la brochure est destinée aux architectes, aux maîtres d’ouvrage et aux autorités en charge des constructions pour les aider à mettre en pratique l’égalité de traitement pour les handicapés exigée par la Lhand, la loi sur l’égalité pour les personnes handicapées.

Les directives qui y sont présentées se basent ainsi sur la norme «SIA 500 Constructions sans obstacle» qui reflète l’état actuel de la technique et définit les exigences minimales pour la construction sans obstacles en Suisse. Les principales recommandations de cet ouvrage ont d’ailleurs été présentées le 7 mai dernier au cours d’une journée d’études qui s’est tenue à l’Université de Lausanne, en présence d’Anne Grassi, représentante de forom écoute.

La brochure peut être commandée gratuitement sur le site www.construction-adaptee.ch. Forom écoute a également édité une brochure intitulée « Boucles magnétiques, où les trouver, leur utilisation, leur maintenance », disponible sur simple demande auprès du secrétariat au 021.614.60.50.[/zone]

 

[zone]Six exigences minimales

Contrairement à une idée préconçue, les malentendants, les personnes atteintes d‘une surdité acquise et les sourds de naissance sont à l’instar d’autres handicapés, confrontés à de nombreux obstacles architecturaux et techniques. Si on veut leur garantir une qualité de vie équivalente au reste de la population, il y a lieu de satisfaire aux six exigences suivantes en matière de constructions et d’équipements adaptés aux personnes atteintes d’un handicap auditif:

  1. Structure spatiale des constructions et des équipements aisément identifiable, afin de faciliter l’orientation et d’accroître la sécurité, étant donné qu’une diminution de l’acuité auditive peut gêner l’orientation spatiale.
  2. Visualisation des informations acoustiques selon le principe des deux sens.
  3. Bonnes conditions d’éclairage pour la communication fondée sur le contact visuel (gestuelle, mimique, lecture labiale).
  4. Bonnes conditions acoustiques pour la communication orale.
  5. Installations de sonorisation permettant une bonne compréhension de la parole.
  6. Installations d'écoute pour porteurs d'appareils auditifs et pour porteurs d‘implants.[/zone]