Publié le: 28 mai 2019

La gym ? bien plus que du sport !

La gym ? bien plus que du sport !

Le sport est un outil thérapeutique, un prétexte pour se rencontrer, retrouver, échanger, se sentir à sa place dans la société en tant que malentendant. Entretien avec Anne-Marie Collin, animatrice de gymnastique adaptée pour les malentendants, engagée par la fondation forom écoute.

Anne-Marie Collin enseigne le sport et la danse depuis plus de trente ans. Durant toutes ces années, elle accompagne et a accompagné de jeunes élites, des personnes « addict », post opération, des malentendants avec autant d’enthousiasme et une approche empathique, dont beaucoup pourraient s’inspirer.

« Pour moi, l’enseignant est au même niveau que ses participants. Il transmet ses connaissances autant qu’il-elle reçoit les leurs. C’est rendre chacun responsable, c’est se respecter et évoluer avec une notion de groupes ».

Un lieu de solidarité
Sur mandat de la fondation romande des malentendants, forom écoute, depuis quatre ans, la vaudoise, qui a grandi à Lausanne et aujourd’hui âgée de 58 ans, accueille deux groupes de manière hebdomadaire à Morges et la demande va crescendo. Les élèves hommes femmes pour la plupart malentendants ont actuellement entre 60 et 90 ans.

« Certains entendants tout aussi intégrées se joignent au groupe qui constitue un pur moment de partage et d’interactions. Chacun peut exprimer ses besoins, que j’aime appréhender de manière individuelle, afin de pouvoir y répondre le mieux possible. Dans ma relation avec les autres, chaque problème est considéré comme un atout. C’est une bonne approche pour retrouver confiance, ainsi que sa place dans la société ».

Et d’ajouter encore : « il faut réfléchir à la façon dont on donne un cours. Je parle de mes problèmes ou de mes bobos ; cela montre que je suis comme je suis et que chacun est comme il est. Au même titre, j’aime utiliser le terme accompagner et non éduquer et je demande toujours au groupe si j’ai bien expliqué l’exercice au lieu de demander si chacun a bien compris ».

L’esprit d’équipe est très présent. Preuve en est, un nouveau membre, qui subit une maladie dégénératrice, ainsi que la malaudition ; en trois cours, il a fait d’énormes progrès et a été accueilli à bras ouvert, très encouragé par tout le groupe.

Anne-Marie pourrait ouvrir un troisième cours dans une ville romande suivant la demande. Après Jeunesse et sport, une formation d’instructeur santé à la Haute école fédérale de sport de Macolin, c’est sur le terrain que la prof a pu commencer à développer sa philosophie de travail. Elle a suivi régulièrement des formations internes comme éducatrice C1 par exemple, durant toutes ses années de pratique.

Lecture labiale et langue des signes partagés
Pourquoi les personnes malentendantes seraient moins intelligentes simplement parce qu’elles ont de la peine à s’exprimer ou parce qu’elles prennent leur temps ? « Moi, je prends le temps de leur transmettre les informations, que chacun interprète à son rythme. Nous ne sommes pas à cinq minutes près ».

L’animatrice en activité physique adaptée a suivi des cours de lecture labiale et adopte une posture tout à fait adéquate pour la bonne compréhension de ses élèves.

« Je me tiens en face pour leur parler et lorsque je présente une figure et que j’ai la tête mal positionnée, je me relève et parle de manière audible, attentive également au contrejour. Le groupe lit sur mes lèvres ; la lecture labiale me sert et sert les autres ; c’est un échange ».

A chaque fin de chaque cours, une des élèves signe et apprend un mot, qui est repris par tous, et ainsi de suite au fil des semaines.

Déroulement de tapis
Il est plus difficile de se faire comprendre lors d’un exercice au sol pratiqué sur le ventre ou sur le dos, un peu moins de côté. Anne-Marie fait d’abord une démonstration, puis passe vers chacun, le temps qu’il faut, pour l’encourager et le corriger si nécessaire.

Parfois, la musique accompagne les mouvements. Les personnes malentendantes aiment sentir le rythme et ressentir les vibrations. « Je me sers de mes mains pour faire des signes suggestifs et simples. Main gauche levée, baissée, en haut, en bas ; parfois, j’incorpore des accessoires ludiques comme des ballons.

« Nous échangeons beaucoup, avant et après le cours. Imaginez que pour certaines personnes, c’est le seul moment de la semaine durant lequel elles rencontrent du monde. Une dame âgée de 80 ans vient de commencer ; elle n’a jamais exercé de sport auparavant ; elle vient pour faire des rencontres ».

Et les plus jeunes ?
Pour Anne-Marie, il serait pertinent de former de jeunes malentendants afin qu’il puisse enseigner la gym, ou n’importe quel sport ; conscients de tous les paramètres de la malaudition, ils seraient à même de mieux les appréhender tant des deux côtés.

« Je pourrais les accompagner dans leurs démarches et il serait aussi intéressant de développer une structure inter cantonale ». A travers ces lignes, forom écoute invite donc les jeunes à contacter la fondation pour, ensemble, voir les possibilités d’avenir.

 

Plus d’infos et suggestions :
am.collin@bluewin.ch
079 305 41 46
www.ecoute.ch

Copyright Bruno Glätsch