Publié le: 27 janvier 2020

La maladie de Ménière, quels progrès ?

La maladie de Ménière, quels progrès ?

Actuellement, les recherches et traitements sur la maladie de Ménière, entraînant acouphènes, vertiges et perte auditive, restent hypothétiques. Enquête.

La maladie de Ménière touche l’oreille interne et se traduit par un excès d’endolymphe qui augmente la pression, empêchant les sons d’être perçus correctement et brouillant les signaux d’équilibre.

Jusqu’à ce jour, les scientifiques ne connaissent pas les causes, hypothétiquement dus à un facteur psychologique, une blessure à la tête, une infection, une allergie, une intolérance alimentaire, un dérèglement du système immunitaire, une p génétique ou à un certain nombre d’hormones comme l’ADH3, qui régule la fonction urinaire. La Prolactine et d’autres hormones agiraient sur l’oreille interne et en modifieraient la pression.

Courant 19ème, le médecin oto-rhino-laryngologiste français Prosper Ménière fut le premier à décrire les éléments de la maladie qui porte son nom.

Le syndrome touche plus les femmes, entre 40 et 60 ans, en Europe et en Amérique du Nord. Crises récurrentes de vertiges accompagnées de sifflements et de bourdonnements d’oreilles et baisse d’audition le plus souvent à une seule oreille sont à l’origine des maux. Les rapports réalisés à ce jour quantifient très approximativement les personnes atteintes ; de à dix sur mille.

La vaudoise Josette Grangier, âgée de 83 ans, souffre de cette maladie depuis une trentaine d’années. Le tout premier symptôme s’est identifié telle une attaque cardiaque accompagnée de vertiges. Les médecins ont toutefois très rapidement diagnostiqué les syndromes. Par ailleurs, ceux-ci se détériorent au fil des ans. De deux crises plus ou moins fortes par année, Josette Grangier a passé à sept ou huit actuellement. « Je vis avec les acouphènes depuis le début et le seul remède efficace, hormis un médicament anti-vertigineux, est d’essayer d’en faire abstraction ; si j’y pense, je deviens folle…, alors je me suis habituée à vivre avec. Mon audition est assez bonne et si je ne comprends pas, je demande de répéter. Mon ORL, qui contrôle très régulièrement mon ouïe et mon équilibre, m’avertira le jour où je devrai m’appareiller, mais je sais que le coût sera élevé et les aides minimales ».

On peut qualifier le syndrome de chronique. La fréquence des crises est en effet très variable et imprévisible. De quelques crises par an à plusieurs par semaine, les périodes de rémission, elles, peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années.

 

Remède ou placebo ?

Selon diverses études, il n’existe pas de traitement permettant de guérir la maladie de Ménière, mais les symptômes peuvent être soulagés efficacement dans la plupart des cas. Il n'existerait aucune donnée probante provenant d'essais contrôlés randomisés pour soutenir ou réfuter la restriction de la consommation de sel, de caféine ou d'alcool chez les patients atteints.

Nombreux sont les médecins qui recommandent tout de même des changements alimentaires comme traitement de première intention ; une option relativement simple et peu coûteuse. « Les différents traitements suivis démontrent qu’il n’y a pas de règle unique pour essayer de contrôler les symptômes. L’évolutivité étant très différente d’une personne à l’autre, c’est finalement la prise en charge régulière par le médecin ORL référant connaissant bien le patient et ses symptômes, qui va permettre d’adapter les mesures thérapeutiques en fonction du temps.  L’évolution spontanée de la maladie se traduit, dans un nombre non négligeable de cas, par un arrêt des crises vertigineuses qui initialement étaient intenses », détaille le médecin ORL Didier Bouccara.

La maladie de Ménière est une maladie très frustrante. Il paraît important de créer un climat de confiance et d’échange avec le médecin. « Je pense qu’il est impératif de ne pas se laisser contrôler par la maladie. Adopter un rythme de vie plus sain a déjà permis à de nombreux patients une nette amélioration de leur état après avoir réorganisé leur vie dans le but d’éprouver moins de stress au quotidien », intervient le Dr Dominique Dorion. Et d’ajouter : « on sait qu’une alimentation faible en sel et riche en eau est excellente pour le coeur et la pression artérielle. Et pour pallier les inévitables sautes d’humeur, la confiance et le dialogue entre le patient et le médecin sont fondamentaux ».

En 2009, une synthèse regroupant vingt-sept études, pour la plupart publiées en Chine, a conclu à l’efficacité de l’acupuncture pour soulager les symptômes. Parmi ces études, trois essais aléatoires contrôlés ont montré de façon claire que l’acupuncture sur le corps ou le cuir chevelu était 14 % plus efficace que les traitements classiques. Les auteurs concluent que d’autres études sont nécessaires, mais que les données existantes permettent de confirmer l’effet bénéfique de l’acupuncture, y compris pendant les crises de vertiges.

A ce jour, des applications mobiles sont téléchargeables et permettent notamment de répertorier les crises.  « L’application mobile est un outil très utile pour aider les chercheurs à fournir des informations. C’est également une opportunité pour les patients de contrôler les symptômes de leur maladie à l’aide de buzz interactifs par exemple », conclut la directrice de la communauté de Ménière au Royaume-Uni, Natasha Harrington-Benton.

 

Applications mobiles :

Ménière’s Monitor Classic et Ménière’s Monitor 2, www.menieresmonitor.com

Meniere by Asociación Síndrome de Ménière España ASMES, www.sindromedemeniereespana.com

My Ménière Rick Doornhein, https://play.google.com/store/apps/details?id=nl.patateend.meniere&hl=fr_CH

Whist-Tinnitus Relief Sensimetrics Corporation App, https://play.google.com/store/search?q=Whist-Tinnitus%20Relief%20Sensimetrics%20Corporation%20App&c=apps&hl=fr_CH

Ménière Lund ApplnMed AB, https://play.google.com/store/search?q=M%C3%A9ni%C3%A8re%20Lund%20ApplnMed%20AB&c=apps&hl=fr_CH

 

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2 Copyright Meniere by Asociación Síndrome de Ménière España ASMES