Publié le: 27 janvier 2023

«La musique, ma grande passion!»

«La musique, ma grande passion!»

Âgée de 32 ans, laborantine en chimie à l’EPFL, Annabelle Coquoz joue d’un instrument de musique depuis son enfance, malgré une perte auditive très précoce. Après des années consacrées au trombone, la voici qui se met désormais au… violoncelle.

Peu de gens le savent. Mais il est tout à fait possible d’être malentendant ou sourd et de… jouer d’un instrument de musique. Malentendante depuis son plus jeune âge, Annabelle Coquoz, âgée aujourd’hui de 32 ans et membre très active de la Commission Jeunesse de forom écoute, joue en effet du… trombone depuis qu’elle a 11 ans. Une passion plutôt familiale d’ailleurs puisque tout le monde chez elle est musicien. « Ma maman ne voulait pas faire de différence avec mes frères et sœur, alors elle m’a mise sur un piano quand j’avais à peine 4 ans », raconte celle qui vit à Aigle et travaille depuis plusieurs années à l’EPFL, comme laborantine en chimie.

Depuis, la musique occupe une part importante de sa vie, elle joue dans une harmonie et dans un orchestre où son handicap auditif passe quasiment inaperçu, participe à des répétitions plusieurs fois par semaine, sans compter ses entraînements à la maison. D’autant que, depuis deux ans environ, elle s’est lancée dans le violoncelle. « C’est une fausse idée de croire que l’on ne peut pas faire de musique avec un handicap auditif explique-t-elle. C’est vrai que j’ai la chance d’avoir entendu entre 0 et 2 ans avant que mon ouïe ne se péjore. Mais jouer de la musique a vraiment quelque chose de reposant, car il n’y a pas besoin d’essayer de se concentrer sur des paroles, mais juste de ressentir des sensations. Par exemple, avec le violoncelle, je ressens beaucoup les vibrations, ce qui m’aide à appréhender la musique lorsque je la travaille ».

Perte auditive très jeune

Très jeune, dès 2 ans, Annabelle commence à perdre son ouïe, réagit de moins en moins aux bruits et ne répond pas quand on l’appelle. Et le diagnostic est sans appel : perte auditive supérieure à 80% à l’oreille gauche, 50% à droite. Dès 4 ans, elle est appareillée avec en plus un système « BiCROS » qui permet de transmettre tous les sons à l’oreille droite, la moins atteinte. Malgré l’ampleur de sa perte auditive, et de caractère très indépendant, elle suit une scolarité normale sans avoir recours à la moindre aide. Elle choisit ensuite de faire un apprentissage pour obtenir en 2009 un CFC de laborantine en chimie puis décroche une maturité professionnelle et une maturité fédérale.

Malgré son aisance, la vie quotidienne n’est pas facile et les effets du handicap auditif se font de plus en plus sentir : fatigue intense, voire épuisement et vertiges la poussent à nouveau à consulter un ORL qui décide de reprendre son dossier à zéro. Et là, elle peut enfin mettre un nom sur la cause de sa surdité : « Syndrome de Pendred », une maladie génétique rare décrite pour la première fois en 1896 par le médecin britannique Vaughan Pendred. Bonne nouvelle cependant, elle est éligible à l’implantation cochléaire et la voilà implantée à son oreille gauche en 2016 à Berne. Elle a  26 ans et l’implant change sa vie : « Bien sûr je ne pourrais pas vivre sans, constate-t-elle. Mais il ne suffit pas. La rééducation a été longue et difficile, et j’ai encore besoin de mon appareil auditif de l’autre côté ».

Ses choix de vie, elle les a faits en tenant compte de son handicap. « J’ai choisi de ne pas faire d’études longues et de ne travailler qu’à 80% pour ne pas m’user au travail, même si je suis très contente de mon emploi à l’EPFL,  dans un monde de recherche et dans un environnement humain qui tient compte de ma surdité. Mais le plus important pour moi, c’est qu’il me reste du temps à consacrer à la musique !»