Publié le: 16 mars 2016

Lecture labiale : 16 nouvelles enseignantes sur le marché romand

Lecture labiale : 16 nouvelles enseignantes sur le marché romand

Leur formation est terminée depuis le mois de décembre dernier. Depuis, et après deux années de travail intense, elles sont officiellement diplômées, même si la remise des diplômes n’a eu lieu qu’au mois de mars. Quelles sont leurs impressions, quelles sont leurs craintes, leurs envies, leurs projets ? Aux écoutes a eu envie d’en savoir plus et de les présenter à ses lecteurs malentendants. Portrait de 15 d’entre elles.

 

[zone]Claudine Kumar : « l’enjeu sera d’ouvrir de nouveaux cours ! »

Présidente de l’Association Romande des Enseignantes en Lecture Labiale (ARELL), Claudine Kumar porte un regard positif sur l’arrivée de nouvelles collègues, particulièrement « motivées ».

La formation s’est terminée avec 16 personnes diplômées ce mois de mars. Vous attendiez-vous à ce résultat ?

Honnêtement, je ne pensais déjà pas qu’il y aurait autant de candidatures au début de la formation. Je tablais sur 15 étudiantes au maximum, et sur un taux de réussite de 50%. Alors 16 diplômées au final, c’est vraiment excellent !

A quoi attribuez-vous ce résultat ?

A leur motivation ! Les étudiantes se sont rapidement montrées intéressées par les cours qu’elles ont suivis. Elles ont vite saisi l’utilité et l’importance de la lecture labiale pour les malentendants. Maintenant qu’elles sont formées et diplômées, et après avoir consenti un gros effort durant deux années, je leur souhaite de se réaliser dans ce magnifique métier si enrichissant et qu’elles vont encore continuer à découvrir au jour le jour. Elles vont beaucoup apporter aux malentendants, mais elles vont également beaucoup recevoir en retour !

Pour l’ARELL, accueillir 16 nouvelles enseignantes, cela change-t-il quelque chose ?

Il y a déjà eu des périodes dans le passé où l’ARELL a compté une vingtaine d’adhérentes, avant que les choses ne s’étiolent petit à petit. Dans un premier temps, l’enjeu est aujourd’hui d’accueillir ces nouvelles collègues et c’est très stimulant, car cela va ouvrir de nouvelles possibilités sur le terrain, y compris dans des régions où la lecture labiale n’était plus enseignée. Je pense à Genève ou à la Vallée de Joux, par exemple… En outre, les nouvelles enseignantes vont également reprendre la gestion de la majorité des cours intensifs…

La moyenne d’âge de la nouvelle volée d’enseignante est relativement élevée, aux alentours de 50 ans…

En effet, cela indique que tôt ou tard, une nouvelle formation devra être envisagée, car faute de quoi, le métier risque bien de disparaître. Mais comme d’habitude, le nerf de la guerre sera l’argent à trouver pour espérer financer un jour, une nouvelle formation. Heureusement, dans l’immédiat, la relève est là.

A plus court terme, quel sera dans les années à venir, le grand enjeu pour l’enseignement de la lecture labiale ?

Incontestablement, ce sera organiser davantage de cours pour les malentendants ! Il s’agit donc pour nous d’être mieux connues, de faire un plus grand travail de sensibilisation auprès du grand public. Les nouvelles enseignantes ont compris l’enjeu de ce défi et elles sont prêtes à le relever. Nous autres anciennes, les soutenons et leur apportons volontiers notre concours. Dans certaines régions, nous les avons même déjà accompagnées auprès des ORL, des audioprothésistes, etc.[/zone]


Genève

Valérie Studemann : « un nouveau défi »

Âgée de 50 ans, Valérie Studemann vit à Genève. Cette maman de trois filles dont une adulte, et qui a eu des amis sourds dans son enfance, a travaillé dans plusieurs domaines dont, plus récemment, le soutien pédagogique à des enfants sourds intégrés en école ordinaire, mais aussi l’enseignement du français à des adultes non-francophones. Elle a souhaité devenir enseignante en lecture labiale afin de « relever un nouveau défi en ayant comme objectif la transmission d’une connaissance précise et utile ».

Bien entendu, s’engager dans une nouvelle formation n’a pas été facile, en raison de la difficulté à concilier formation, travail et vie familiale. Heureusement, celle-ci a été l’occasion de voyager dans toute la Suisse romande, de nouer de superbes liens avec les autres étudiantes, ainsi qu’avec les enseignantes de l’ARELL, « qui ont transmis l’amour de leur métier ».

« Le démarrage dans notre nouvelle profession va prendre du temps, observe-t-elle. Il va falloir démarcher, se faire connaître, débloquer la situation avec l’AI pour que les cours privés soient également remboursés dans le canton de Genève. Ici, nous sommes deux enseignantes et tenons à collaborer étroitement, de même que nous travaillerons aussi avec notre collègue de La Côte ».
Valérie Studemann, Genève. Portable. 079 632 19 54. Email : valerie.studemann@bluewin.ch

 

Marialuisa Bonvin : « la malentendance, un monde qui m’est proche »

Pour Marialuisa Bonvin Spada, reprendre des études après tant d’années, qui plus est pour elle qui est de langue maternelle italienne, n’a assurément pas été facile. Si le défi a été avantageusement relevé, c’est avant tout grâce au soutien de ses amies proches, de sa famille et de ses collègues étudiantes. Pour cette mère de trois enfants, qui a œuvré comme bénévole durant de longues années, comme enseignante d’italien ou comme visiteuse pour les personnes âgées, le choix de cette formation a été plutôt naturel, d’autant qu’elle avait déjà assisté à des cours de lecture labiale.

« Le monde de la malentendance m’est proche depuis des années ; la mère de mon amie d’enfance étant devenue sourde suite à une maladie, j’ai été confrontée très vite à ce que peut représenter ce handicap et ce qu’il en est de vivre avec un malentendant ».

L’avenir, Marialuisa l’envisage avec sérénité, en travaillant en étroite collaboration avec sa collègue genevoise. « Avec ma collègue, nous prévoyons d’ouvrir rapidement chacune un cours hebdomadaire, annonce-t-elle avec satisfaction. Je suis consciente que le fait d’enseigner la lecture labiale dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle est une difficulté supplémentaire. En revanche, le fait d’avoir été moi-même élève d’un cours de lecture labiale me permet de mieux comprendre les besoins, les attentes et les frustrations des futurs apprenants ».

Marialuisa Bonvin, Genève. Tél. 022 348 97 89. Email : mlbonvin@yahoo.it


 Vaud

Anoucha Betti : « en tant que malentendante, j’utilise la lecture labiale »

Anoucha Betti, qui va travailler dans l’agglomération lausannoise, la région de la Côte et la Riviera, possède une particularité : elle qui a travaillé dans les ressources humaines avant de se consacrer à l’éducation de ses trois enfants est en effet… malentendante de naissance. « Du coup, explique-t-elle, beaucoup de choses m’ont semblé naturelles au cours de cette formation, qui a néanmoins suscité pas mal de remises en question, des introspections auxquelles je ne m’attendais pas, et qui m’a permis d’en apprendre encore plus et sur moi-même, et sur le monde des malentendants. »

Si la formation n’a pas été facile à suivre, en particulier en raison du « stress des examens, a priori insurmontable », la nouvelle enseignante a adoré le contact avec les enseignantes actuelles, qui « ont transmis leur passion et leur expérience », sans compter un grand intérêt pour les autres branches enseignées par des professionnels. « En tant que malentendante, j’utilise tout le temps la lecture labiale et cela me donne confiance. Sans elle, je ne pourrais pas être intégrée à la société. C’est ce que j’aimerais pouvoir transmettre aux personnes qui seront intéressées », explique celle qui entend, dans un premier temps, travailler à temps partiel pour mieux se consacrer à la préparation des cours.

Anoucha Betti, Vaud. Tél. 021 625 38 69, Portable 076 366 72 22 (aussi sms). Email : amonsciani@hotmail.com

 

 

Anne-Catherine Rochat : « mon âge est un atout »

Âgée de 60 ans, Anne-Catherine Rochat est la doyenne de la volée de nouvelles enseignantes en lecture labiale. Enseignante spécialisée à Entre-Lacs dans le canton de Vaud, elle a été très sensibilisée à la question de la surdité par le contact avec son beau-père et sa maman. Son appréciation sur la formation reçue ? Plutôt largement positive : « nous avons bénéficié d’une bonne formation autant théorique que pratique qui nous donne des bases solides sur lesquelles nous pourrons construire » reconnaît-elle. C’était un réel défi pour moi de faire cette formation à l’âge de 58 ans et souvent, je me suis dit que mes ambitions étaient trop grandes. Mais maintenant, je vais dire que mon âge est plutôt un atout car je me sens tellement plus proche des participants ».

Dès ce mois de mars, Anne-Catherine Rochat entend organiser des cours hebdomadaires le jeudi après-midi à son domicile. « Mon projet est de m’adapter aux besoins de chacun de mes participants, annonce-t-elle. En outre, je rêve d’inviter deux ou trois malentendants pour un week-end ''Lecture labiale et découverte de la Vallée de Joux'' en ajoutant d’autres activités plus ludiques ».

Anne-Catherine Rochat. Vaud. Les Sauges 6 1347 Le Sentier. Tél. 021 845 69 29 Portable 077 464 71 70. Email : ancat@sevjnet.ch

 

Sylvie Perret : « je suis très empathique »

Enseignante-auxiliaire au cycle primaire, Sylvie Perret a dû, après trois ans de contrat à durée déterminée, cesser son activité, en raison de l’absence de certificat. « L'opportunité de la formation est arrivée à ce moment-là, raconte cette maman de trois enfants, aujourd’hui adultes. L'idée de travailler avec des adultes en situation de handicap m'a tout de suite interpelée, étant par nature ouverte aux autres ». La voici donc, à 52 ans, qui entame « avec toute l’énergie de la nouveauté », sa formation d’enseignante, appréciant « d’élargir ses connaissances, et de s'ouvrir à une problématique peu connue ». « Ces nouvelles connaissances m'ont apporté énormément sur le plan humain et m'ont ouvert de nouveaux horizons. Mais je dois dire que le travail de rédaction en fin de formation a été ardu ! ».

Aujourd’hui, Sylvie Perret entend travailler le plus possible, en ouvrant 4-5 cours hebdomadaires dans la région du Nord Vaudois et jusqu'à Ste-Croix, Echallens, voire même Moudon, en cas de demande. « Je suis très empathique, très souple, et prête à aller là où il y aura de la demande. J'espère pouvoir collaborer avec mes collègues de la région, pour des échanges d'idées et du soutien, si nécessaire », explique celle pour laquelle l’enjeu sera surtout de prospecter, sensibiliser et amener le maximum de personne à suivre des cours.

Sylvie Perret, Vaud. Portable : 079 780 81 84. Email : sylvie.perret@hotmail.com

 

Sonia Celii Jotterand : « j’ai le goût de transmettre »

« J’ai choisi cette formation car elle répondait à mon besoin de me sentir utile et de contribuer à la société. Elle me permet de pratiquer une activité professionnelle qui a du sens pour moi, à savoir accompagner des gens dans leur recherche d’évolution et-ou de mieux être. Se remettre en apprentissage à l’âge adulte tout en étant maman n’était pas aisé, mais apprendre nous permet d’évoluer, de reprendre confiance en nos capacités cognitives. Une fois les difficultés surmontées, c’est un vrai bonheur ! ».

Après avoir été coordinatrice d’escale dans l’aviation, maman au foyer tout en assumant différentes tâches de bénévolat, la voici donc qui s’est tournée vers l’enseignement de la lecture labiale, un choix d’autant plus naturel que sa propre mère est malentendante. Son principal handicap dans l’exercice de ce métier se trouve également être son grand atout : « ma sensibilité et les difficultés peuvent parfois m’affecter, même si je les surmonte toujours, admet-elle. Mais grâce à elle, j’aime l'échange et la communication, je crois au potentiel humain et j’ai le goût de transmettre. »

Sonia Celii Jotterand entend exercer dans le Nord-Vaudois, d’abord à temps partiel, puis en espérant pouvoir ensuite également s’engager dans la prévention et la sensibilisation aux impacts de la malentendance.

Sonia Celii Jotterand, Vaud. Chemin Fiez-Pittet 7, 1422 Les-Tuileries-de-Grandson. Portable : 079 283 28 08. Email : celiijotterand@gmail.com

 

Michèle Vernet : « aider les personnes souffrant d’un handicap »

Après avoir effectué toute sa carrière dans l’enseignement, Michèle Vernet souhaitait amorcer un changement d’orientation tout en restant dans un domaine similaire. Ayant toujours apprécié « aider et partager avec des personnes souffrant d’un handicap », c’est tout naturellement qu’elle s’engage dans la formation pour devenir enseignante en lecture labiale, après avoir par le passé envisagé de devenir enseignante à l’Ecole des sourds de Lausanne.

« A court terme, explique-t-elle, ce nouveau métier ne peut pas me faire vivre, donc je vais garder à 90%, mon métier actuel dans l’enseignement, ceci jusqu’à fin 2020, date à laquelle je serai à la retraite. Bien sûr, suivant l’évolution de ma patientèle, je pourrais également encore éventuellement réduire légèrement mon temps de travail ! ».

Afin de ne pas perdre ses acquis et même d’améliorer sa pratique, Michèle Vernet prévoit dans l’intervalle d’assurer d’ores et déjà un week-end de cours intensif, un cours hebdomadaire et un cours privé si l’occasion s’en présente. Le tout dans la région de Morges et de Lausanne.

Michèle Vernet, Vaud. Rue Couchirard 4, 1004 Lausanne. Tél. 021 646 17 40 (répondeur). Portable. 077 409 85 24. Email : michele.vernet@bluewin.ch

 

Yolande Badoux : « un besoin de relations humaines »

« C’est lors des stages effectués durant la formation que j’ai apprécié de découvrir le travail d’enseignante en lecture labiale. En particulier, j’ai été très touchée par la solidarité au sein des groupes. Maintenant, le grand défi qui s'ouvre devant moi est d'arriver à bien communiquer mes nouvelles compétences, à offrir un soutien et un vrai plus dans la vie des malentendants qui me feront confiance ». Maman de 4 enfants aujourd’hui jeunes adultes, Yolande Badoux-Gilliand a tour à tour été aide-enseignante et employée de commerce. C’est mue par le besoin d’exercer un métier qui favorise les relations humaines qu’elle choisit de s’inscrire à la formation d’enseignante en lecture labiale, ayant dans son entourage plusieurs connaissances souffrant de problèmes auditifs.

Désormais, elle s’apprête à exercer son nouveau métier dans sa région, le Nord Vaudois, en particulier à la Vallée de Joux, Vallorbe et le Vallon du Nozon. « Cette nouvelle activité sera accessoire pour moi car il est difficile d'occuper un plein temps dans ce métier, observe-t-elle. Mais je me réjouis déjà de répondre favorablement aux sollicitations. D’autant que j'ai la chance d'être entourée de quatre collègues avec lesquelles nous prévoyons une collaboration dans la mise en place des cours. »

Yolande Badoux, Vaud. Le Sentier. Tél. 021 845 56 36. Portable 079 734 33 42. Email : yolande.badoux@arell.ch

 

Valérie Cottet: « des rencontres enrichissantes »

Le monde du soin et de la relation thérapeutique, Valérie Cottet-Parmelin le connaît très bien. Et pour cause : elle est infirmière, profession qu’elle entend d’ailleurs continuer à exercer à mi-temps. La lecture labiale, elle y est arrivée poussée par un besoin de diversité et de relever de nouveaux défis. « Rien n’a vraiment été facile dans cette formation, relève-t-elle. Passer des examens, rédiger le travail de certification, concilier vie familiale et vie professionnelle, etc. Mais cela a aussi été l’occasion de faire de nouvelles et enrichissantes rencontres, de partager avec les collègues étudiantes, avec les anciennes enseignantes et bien sûr avec les malentendants eux-mêmes. »

Evidemment, les défis à venir ne manquent pas. D’abord, réunir suffisamment de participants dans sa région de La Côte, pour ouvrir un premier cours hebdomadaire. Heureusement, son goût pour le contact et son expérience des relations avec les personnes atteintes dans leur santé, constituent un atout indéniable. « D’une manière générale, annonce-t-elle, je suis assez ouverte à tout selon les demandes, à temps partiel et volontiers avec des collègues pour plus de compétences, et bien sûr le plus proche de mon domicile pour des raisons pratiques ».

Valérie Cottet. Vaud. District de Nyon. Tél. 021 824 20 79. Email : valerie.cottetparmelin@arell.ch

 


Vaud-Neuchâtel

Silvia Richard-Ferrari : « j’ai appris la lecture labiale avec mon grand-père »

Son premier contact avec la lecture labiale ? Silvia Richard-Ferrari l’a eu dans des circonstances un peu inhabituelles, lorsque, enfant élevée par ses grands-parents, elle a du spontanément apprendre à lire sur les lèvres pour déchiffrer les propos de son grand-père, atteint d’un cancer des cordes vocales. Ancienne employée de commerce et assistante d’un médecin spécialiste, Silvia ne pouvait donc qu’être séduite par la perspective d’une formation en lecture labiale. Si on y ajoute un besoin de réorientation professionnelle et l’envie de développer un contact avec les gens, l’occasion était trop belle pour être loupée. « La première année a été très difficile mais tellement enrichissante en connaissances, reconnaît-elle. Elle m’a apporté d’importantes connaissances académiques et théoriques, sans compter la rédaction de dossiers ».

Son métier, elle entend l’exercer d’abord à temps partiel, dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel, à la fois en collaboration étroite avec ses collègues et en interdisciplinarité avec le monde des professionnels de l’audition, ORL, audioprothésistes, médecins de famille, etc. « Je suis calme et volontiers à l’écoute des gens. Avec ma capacité de collaboration et d’adaptation, ce sont mes principales qualités professionnelles, d’autant qu’enseigner la lecture labiale est une manière de redonner ce que j’ai reçu durant mon enfance », conclut-elle.

Silvia Richard-Ferrari. Vaud-Neuchâtel. Chemin de Vermont 5, 1400 Yverdon-les-Bains. Tél. 024 445 63 65. Portable 078 724 30 19. Email : sf.richard@hispeed.ch -

 


Valais

Estelle Besson : « cette formation m’a ouvert les yeux »

Âgée de 49 ans, travaillant en EMS, avec entre autres, des personnes tétraplégiques et souffrant de handicaps sévères, dont la surdité, Estelle Besson souhaitait compléter son métier avec une activité moins physique et plus calme, tout en restant dans un métier de contacts humains.

« La formation qui vient de s’achever m’a ouvert les yeux et m’a rendue sensible à un nouveau monde qui m’était inconnu, explique-t-elle. J’y ai appris beaucoup d’informations intéressantes lors des cours, tandis que les stages et les rencontres avec les personnes malentendantes ont été très riches en échanges et en enseignements ».

Pour elle, le principal enjeu en tant qu’enseignante en lecture labiale sera de « garder la foi pour maintenir la motivation des apprenants ». « Après les deux premiers cours que j’ai donnés, j’ai été confrontée à un certain découragement de la part de plusieurs malentendants qui suivent les cours de lecture labiale depuis longtemps, explique-t-elle. Ils m’ont exprimé que la lecture labiale est difficile dans la vie quotidienne. La motivation est donc très importante et je suis touchée d’observer lors des cours, une bienveillance, une gentillesse et une entraide sincères entre les participants ». En attendant de voir l’évolution de la situation, Estelle Besson compte exercer dans un premier temps son métier seule et à temps partiel. Depuis janvier dernier, elle assure deux cours mensuels à Monthey et Saint Maurice.

Estelle Besson. Valais. Portable 078 854 04 54. Email : estelle43@gmail.com

 


Fribourg

Isabelle Michel : « apporter une aide aux personnes isolées »

« C'est une formation exigeante car les occasions de s'entraîner sont réduites. Au moment de l'examen pratique, je me suis sentie très déstabilisée. Par contre la théorie de la première année ne m'a pas posé de problème ». Et pour cause : avant d’entamer sa formation, Isabelle Michel était infirmière-ressource en soins palliatifs en EMS. De fait, le monde de la santé, ainsi que ses disciplines théoriques, ne lui était pas vraiment inconnu. Seulement voilà : la jeune femme souhaitait diversifier son activité, de longue date « interpellée par le monde des handicaps sensoriels ».

Désormais diplômée en lecture labiale, Isabelle Michel entend conserver son emploi en EMS à 40%, histoire de pouvoir prendre le temps de développer son activité d’enseignante. « Je me réjouis d'apporter une aide aux personnes qui sont isolées, et que la lecture labiale puisse à nouveau leur donner du plaisir à partager du temps en société, même si j’ai l'impression que dans ma région, il y a tout à faire, car personne ne semble être informé. Le démarchage est laborieux, tout le monde me regarde avec des grands yeux interloqués... mais positifs quand même. Heureusement, nous sommes quatre sur le canton de Fribourg et il y a une belle synergie entre nous ».

Isabelle Michel, Fribourg. Portable 078 812 15 00. Email : isabelle.michel@arell.ch

 

Vanessa Favre: « je sais ce que vivent les malentendants »

« Etre aveugle sépare des choses. Etre sourd sépare des hommes. » Vanessa Favre, âgée de 37 ans, est bien placée pour savoir ce que veut dire cette magnifique citation d’Helen Keller. Et pour cause, elle est elle-même malentendante, une des deux étudiantes de cette nouvelle volée à souffrir d’une déficience auditive. Un handicap certes, mais qui lui permet de connaître exactement le vécu de ses futurs patients.

« Après avoir quitté mon travail de gestionnaire de vente en papeterie afin d'effectuer le pèlerinage de St-Jacques de Compostelle et réfléchir à mon avenir professionnel, j’ai réussi à décrocher un contrat de promotrice pour un centre d'appareillage auditif, un travail qui consistait à faire des tests de dépistage dans les foires en Suisse romande, raconte la jeune femme. Un jour, j’ai vu l’annonce de la formation. Comme j'avais envie de changer de direction professionnelle, j’ai tout de suite été interpelée par la perspective d’une profession basée sur le contact humain avec les personnes malentendantes ».

Grâce à cette formation qui lui a permis de rencontrer « des collègues formidables », la voilà donc diplômée et prête à travailler à temps partiel en collaboration avec ses autres collègues du canton, et surtout avec l'association des malentendants de Fribourg « très dynamique et sympathique ».

Vanessa Favre, Fribourg. Chemin de la Tossaire 11, 1699 Bouloz. Tél. 021 947 37 48. Portable : 079 836 99 03. Email : vanfasa@gmail.com.

 


Jura

Laure Chappuis : « aucun cours ne ressemble à un autre… »

Ancienne gestionnaire en commerce de détail à la Poste, Laure Chappuis en est venue à la lecture labiale grâce à une ancienne enseignante qui lui a directement remis un bulletin d’inscription à la formation, non sans l’encourager à venir assister de visu à un ou plusieurs cours en tant qu’observatrice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mayonnaise a pris. Car c’est avec un enthousiasme certain que cette maman d’une fillette de 9 ans a suivi tout le cursus de la formation qui vient de s’achever.

« La formation a été très intense et très complète, observe-t-elle, surtout la première année, difficile sous plusieurs aspects. Rester concentrée une journée entière en suivant des branches comme la linguistique ou l'anatomie pour lesquelles je n'avais aucune connaissance, n’avait rien de facile et j'avais parfois l'impression de parler une autre langue. Malgré cela, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre tous ces cours avec des intervenants motivés et passionnés par leur métier. Non seulement j'ai acquis une multitude de nouvelles connaissances pour ma nouvelle profession mais j'ai aussi beaucoup appris sur moi-même. »

Laure Chappuis exerce déjà son nouveau métier, ayant « la chance » d’avoir repris une partie des cours mensuels ou hebdomadaires de Marie-Thé Sangsue. « Aucun cours ne ressemble à un autre et je trouve cela génial, s’extasie-t-elle. Dans la région du Jura et Jura bernois nous avons la chance d'être deux enseignantes et je souhaite vivement que notre collaboration dure longtemps ».

Laure Chappuis, Jura. Tél. 032 422 87 52. Portable 077 493 98 80. Email : l.chappuis@bluewin.ch et laure.chappuis@arell.ch

 

 

Laure Francesconi: « lever les idées reçues autour du handicap auditif… »

Le handicap auditif, c’est assurément son rayon ! Avant d’en venir à la lecture labiale, Laure Francesconi, âgée de 35 ans, mère de 3 enfants et qui a accouché d’un magnifique bébé durant la formation, était interprète en langue des signes chargée de l'insertion professionnelle des déficients auditifs. C’est par souci d’élargir ses compétences et son expérience qu’elle décide de suivre la formation qui a été ouverte voilà deux ans.

Son principal atout dans l’exercice de son nouveau métier ? Outre une énergie à toute épreuve, son expérience passée avec des personnes souffrant de problèmes auditifs. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la formation suivie a été de tout repos. « Les cours d’anatomie n’ont pas été faciles, admet-elle. J’ai en revanche beaucoup aimé l’ambiance générale et l’apport théorique pour la construction des cours de lecture labiale ».

Celle qui s’apprête à travailler en binôme avec sa collègue Laure Chappuis, ne se fait pas d’illusions sur l’ampleur de la tâche : « Il va falloir travailler à promouvoir l’aspect bénéfique des cours pour une personne malentendante et faire lever les idées reçues à ce sujet, le tout en convainquant les professionnels, audioprothésistes et ORL, conclut-elle. L’enjeu sera incontestablement à ce niveau, d’autant plus crucial que le trouble auditif touche de nombreuses personnes ».

Laure Francesconi. laure.francesconi@arell.ch ; 078 975 93 67 

 

Dossier réalisé par Charaf Abdessemed