Publié le: 18 mars 2012

Lucas Macedo da Silva: « je cherche toujours à aller de l’avant ! »

Lucas Macedo da Silva: « je cherche toujours à aller de l’avant ! »

Lucas Macedo da Silva vient de réussir une prouesse : finir sa scolarité obligatoire et passer de la VSO à la VSG. Rien n’a pourtant été facile pour ce jeune Brésilien, malentendant depuis l’âge de 4 ans, et arrivé à Yverdon-les-Bains à l’âge de 8 ans. Volontaire, ambitieux et déterminé, il espère un jour intégrer la prestigieuse ECAL, l’Ecole cantonale d’art de Lausanne.

Comment êtes-vous devenu malentendant ?

Je crois que je suis né comme ça ! Quand j’avais 4 ans, à Rio de Janeiro, ma mère s’est rendu compte que je n’entendais pas bien. Et effectivement, un médecin a diagnostiqué une perte d’audition importante, et préconisé le port d’un appareil auditif.

Quel est le degré de votre perte auditive?

Je suis sourd de l’oreille droite et j’ai une perte de 30 à 35% à l’oreille gauche, appareillée depuis que j’ai 12 ans. Alors bien sûr, avec l’appareil, ça va, même si bien entendu, ce n’est pas parfait, puisque tous les sons sont amplifiés. Ce n’est vraiment pas facile quand tout le monde parle en même temps, ou quand  il y a beaucoup de bruits de fond ! A la fin de la journée, après l’école, je suis très fatigué… C’est comme si j’avais des voix qui dansaient dans ma tête ! (rires)

Comment vous êtes-vous débrouillé, pendant les premières années de votre jeunesse, sans appareil auditif?

Au Brésil, les familles sont souvent très nombreuses. J’avais beaucoup de cousins et avec eux, j’ai pu apprendre, m’adapter. Pour moi, être un enfant malentendant n’a pas été un problème !

Comment s’est déroulée votre scolarité ?

Quand je suis arrivé en Suisse, je ne parlais pas un mot de français. J’ai fait une année dans une école privée, puis j’ai intégré l’école publique, dans une classe d’accueil. Ensuite, comme j’avais de bonnes notes, j’ai pu reprendre un cursus normal, avec l’appui d’un enseignant spécialisé une fois par semaine, puis d’un logopédiste.

Que faites-vous ensuite ?

A la fin de la 6ème, ma maîtresse de classe voulait m’envoyer en VSO. Or comme je voulais approfondir mes connaissances scolaires et privilégier le gymnase à l’apprentissage, j’ai réussi à la convaincre de me laisser tenter le raccordement pour aller en VSG.

Et vous avez réussi ?

Oui, j’ai dû beaucoup travailler mais grâce à l’appui de ma famille et d’enseignants formidables, j’ai obtenu 15.5 points, alors que 14 points me suffisaient… J’ai vraiment été très content !

Vous suivez désormais les cours de la VSG. Comment cela se passe-t-il ?

Ce n’est pas facile, tout est très nouveau, il y a 8 branches, avec 8 enseignants différents et j’ai parfois des difficultés pour comprendre les profs, même s’ils font vraiment attention à moi ! Mais tout n’est pas perdu, je suis très optimiste et je compte bien me rattraper au cours du 2ème semestre ! Le but là aussi est d’obtenir 14 points pour pouvoir intégrer le gymnase !

Et après le gymnase ?

Le dessin est à la fois ma passion et mon point fort… C’est pourquoi j’espère pouvoir un jour suivre les cours de l’ECAL, l’Ecole cantonale d’art de Lausanne pour devenir designer ! D’ailleurs si je n’intègre pas le gymnase, je m’orienterai vers  un apprentissage avec maturité professionnelle intégrée afin d’aller quand même à ECAL !

Au fond, vous avez un très beau parcours…

C’est vrai. Je ne suis pas quelqu’un de triste, j’accepte ce que je suis et je cherche toujours à aller de l’avant. Mais c’est vrai qu’il faut consentir beaucoup plus d’efforts que les autres pour réussir !

Vos efforts viennent d’être récompensés par le Prix aux élèves malentendants. En êtes-vous fier ?

Bien sûr, c’est une reconnaissance, même si j’ai la chance d’avoir autour de moi beaucoup de gens qui sont très conscients et fiers de mes efforts. D’autant que tout le travail que je fournis pour ma scolarité ne me laisse pas beaucoup de temps pour des hobbies. Je suis quelqu’un de très indépendant, alors comme je veux avoir un métier, une famille, voyager, il n’est pas question pour moi de laisser tomber.

Propos recueillis par Charaf Abdessemed