Publié le: 15 mars 2012

Michel Nadeau: « au Québec, le système est loin d’être parfait ! »

Michel Nadeau: « au Québec, le système est loin d’être parfait ! »

En vacances au Canada, Marco Ecclesia a pu rencontrer Michel Nadeau, président de l’Association des devenus sourds et des malentendants du Québec. Une rencontre chaleureuse et riche d’échanges prometteurs.

Michel Nadeau, comment se portent les malentendants et devenus sourds du Québec ?

Il convient d’opérer une distinction entre le monde des sourds et celui des malentendants, car les besoins sont différents. Les sourds ont leur propre culture et souvent, ont de la difficulté à faire front commun sur les enjeux associés à la surdité. Mais d’une manière générale, les choses s’améliorent, puisque désormais le ministère de la santé défraie le coût d’une ou deux prothèses auditives, en plus des aides de suppléances à l’audition. Le Québec compte quelque 800'000 malentendants (environ 10% de la population), sans compter que la démographie démontre un net vieillissement.

Quels sont les termes de remboursement ?

Les Québécois ne voient passer aucune facture et les appareils sont remboursés intégralement. Ce sont toutefois des appareils de base. Si le patient veut un appareil plus sophistiqué, il doit le payer de sa poche, même pour les surdités sévères. Et le système est loin d’être parfait: dès 35db de perte attestée, vous avez droit à un appareillage mais l’appareillage des deux oreilles n’est valable que pour les étudiants et les travailleurs ! Autrement dit, les retraités et les chômeurs n’ont droit qu’à un seul appareil !

N’est-ce pas discriminatoire ?

Bien entendu ! Lors d’une entrevue sur ce sujet j’ai demandé: « Et à un paraplégique, ne lui remboursez-vous qu’une moitié de chaise roulante ? Et à un malvoyant un monocle ? » Un chômeur a intérêt à avoir ses deux oreilles pour se trouver un emploi plus rapidement et un retraité sera victime d’isolement avec tout ce que ces situations impliquent. Pour remédier à cette situation, nous nous regroupons avec plusieurs associations pour pouvoir faire pression.

Comment s’est constituée l’Association des Devenus Sourds et des Malentendants du Québec (ADSMQ – www.adsmq.org) que vous présidez ?

Nous fêtons nos 30 ans ce 5 mai et nous sommes un organisme sans but lucratif, constitué en Association avec un Conseil d’administration de 7 membres, tous malentendants ou devenus sourds. Nous regroupons au total 350 membres auxquels nous fournissons des prestations diverses. Les membres paient une cotisation annuelle de 20$ CAD (environ 20 francs) qui leur donne les bénéfices de leur statut, parmi lesquels celui de recevoir notre revue « Sourdine », publiée tous les deux mois.

Comment est produite cette revue?

Notre coordinateur et ami Gilles Lauzon véritable touche-à-tout autodidacte s’occupe aussi bien de la rédaction, de la mise en page, de l’internet que de l’administratif. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir ! Quant au financement, une grande partie provient des subventions du Ministère de la santé, une partie des membres et enfin il y a les dons.

Comment s’impliquent les malentendants dans votre association ?

Les membres du Conseil d’administration doivent assister aux réunions en plus des comités ad hoc et des représentations lors de congrès par exemple. Nous avons aussi un noyau dur de bénévoles qui s’impliquent activement pour l’accueil, les pratiques de lecture labiale, l’organisation des activités telles que les brunchs du dimanche, les conférences, les sorties, etc.

Existe-t-il des campagnes de prévention du risque auditif ?
L’Ordre des audiologistes du Québec organise chaque année une Journée sans bruit pour parler de prévention dans les écoles. En 2012, la Table de concertation pour la promotion de la santé auditive, dont nous faisons partie, aura le soutien de la Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec pour sensibiliser les étudiants à baisser le volume. Une affiche sera développée et distribuée dans les écoles où 2300 professeurs enseignent la musique.

Qu’en est-il des cours de lecture labiale et des boucles magnétiques ?

Nous offrons des pratiques de lecture labiale pour nos membres et notre local est équipé d’une boucle magnétique pour faciliter les communications. Pour les personnes qui n’ont pas la position T sur leur prothèse, nous avons aussi un système de microphone spécial qui leur permet de mieux entendre.

Renseignements: www.adsmq.org

Propos recueillis par Marco Ecclesia, à Montréal (Québec)