Publié le: 27 juillet 2020

Monique Posse, une vie d’engagement social

Monique Posse, une vie d’engagement social

Très engagée dans le monde du handicap, Monique Posse, elle-même malentendante et appareillée, enseigne à de futurs assistants socio-éducatifs dans un centre professionnel à Sion. Retour sur un parcours hors norme, entre résilience et dévouement.

C’est à l’évidence un long parcours au service des autres et qui n’est pas près de trouver son épilogue, tant cette dame pleine d’humilité et d’espérance voue un véritable culte à l’entraide et à la transmission. Depuis 2010, après avoir été tour à tour dans sa vie catéchiste à l’Eglise, remplaçante dans un atelier pour handicapés psychiques, participé au lancement de Transport Handicap Valais, puis travaillé pour la Ligue valaisanne contre la toxicomanie, Monique Posse enseigne à Sion dans un centre professionnel qui forme les futurs assistants socio-éducatifs, destinés à travailler dans les crèches ou les foyers pour personnes en situation de handicap.

Ses matières de prédilection sont à elles seules tout un programme et sonnent comme un véritable engagement de vie: l’accompagnement, mais aussi la communication et la collaboration. Petit détail : Monique Posse a elle-même été rattrapée par l’univers auquel elle a voué sa vie, le handicap, puisqu’elle est devenue malentendante, à l’instar de certains membres de sa famille maternelle. C’est vers l’âge de 35-40 ans que les premiers symptômes de perte auditive se sont manifestés, pas trop gênants, mais tout de même bien présents. « Je me suis décidée à me faire appareiller quand j’ai commencé à enseigner, et que je me suis rendu compte que je devais de plus en plus souvent faire répéter mes élèves », raconte cette jeune grand-mère. « J’avais 47 ans et ce n’est jamais facile de reconnaître qu’on est en situation de handicap. Mais le souvenir de ma maman qui n’avait jamais voulu s’appareiller et qui répondait oui à tout sans comprendre m’y a fortement incitée ».

Perte auditive

Petit à petit, deuil et acceptation ont fait leur chemin, alors même que la perte auditive est progressive. « En 2015, raconte-t-elle, ma perte était de 27% des deux côtés, il y a six mois elle atteignait les 50% ». Dans ce long chemin, le caractère de Monique, qui lui permet souvent de voir la « partie pleine » de la bouteille, l’a beaucoup aidée, elle qui sait entrevoir les bienfaits de la chance quand elle lui fait signe. « Le deuil n’est pas facile, admet-elle, mais j’ai eu la possibilité de faire ce que j’aimais, un mari qui m’a beaucoup soutenue, et aussi beaucoup de chance !» Et d’ajouter : « Et puis, il y a aussi les bienfaits de la technologie qui nous aide beaucoup pour amoindrir les effets du handicap : par exemple, le Bluetooth pour téléphoner, c’est tout de même magnifique ! »

Son activité d’enseignement par exemple, elle la conçoit d’abord comme un enrichissement : « Je dois beaucoup à mes élèves apprentis. Dans leur programme, il y a un cours spécialement consacré aux personnes malentendantes, puisqu’on les retrouve souvent dans les EMS. Il m’a permis d’oser dire comment je vivais ma perte auditive, ce qui m’a beaucoup aidée à l’accepter ».

Autre soutien et non des moindres, les cours de lecture labiale « au cours desquels on apprend plein de petits trucs », mais aussi les Journées à thème de forom écoute. « Les témoignages que j’y ai entendus, par exemple de personnes très malentendantes qui sont devenues enseignante en lecture labiale ou qui ont fondé des entreprises, ont été pour moi autant d’encouragements ».

Vocation

L’origine de ce qu’il faut bien appeler une vocation et un souci constant des plus faibles, remonte à il y a bien longtemps, lorsque la jeune Monique, âgée de 20 ans, fonde avec des amis un groupe intitulé « Les fans de l’amitié » dont l’objectif était déjà… d’organiser des vacances pour personnes en situation de handicap. « Cette expérience fondée sur le bénévolat, cette manière de répondre aux besoins des autres en vivant quelque chose au-delà des barrières a beaucoup contribué à mon engagement, par ailleurs renforcé par toutes les rencontres que j’ai faites au cours de ma vie », commente celle qui depuis des années, chante également dans une chorale.

Son retour au monde de l’enseignement en 2010, elle le doit au fait d’avoir suivi une formation en accompagnement et coaching à la Haute Ecole Pédagogique. A l’époque, il s’agissait de mieux soutenir les jeunes pris en charge dans le cadre de son travail à la Ligue valaisanne contre la toxicomanie. « Ensuite, j’ai eu envie d’aller plus loin pour accompagner les jeunes plus longtemps, par exemple au cours de leur parcours d’apprentissage, et c’est comme cela que j’en suis venue à l’enseignement ».

Un enseignement qu’elle espère bien pouvoir continuer jusqu’à l’âge de la retraite si sa perte auditive le lui permet. « J’ai toujours pensé que si j’en arrivais à faire trop répéter les choses aux élèves, je me mettrais à la retraite. Mais, aujourd’hui, en juillet 2020, je me sens suffisamment confiante pour poursuivre mes activités d’enseignement avec autant de plaisir et d’enthousiasme ».