Publié le: 16 mai 2021

Régler les implants cochléaires via l’enregistrement de l’activité cérébrale sera bientôt possible

Régler les implants cochléaires via l’enregistrement de l’activité cérébrale sera bientôt possible

Des neuroscientifiques de l’université de Louvain, en Belgique, ont réussi à enregistrer les ondes cérébrales en utilisant des implants cochléaires comme capteurs. Une découverte qui ouvre la voie à une amélioration considérable du processus de réglage de ces derniers.

Pour les auteurs d’une étude du Département de neurosciences de l’université de Louvain en Belgique, publiée en mars dernier dans la célèbre revue Nature, cette découverte pourrait ouvrir la voie à une démarche inédite : poser des diagnostics auditifs à partir d’enregistrements cérébraux, et partant, améliorer les processus de réglages d’implants cochléaires. Pour la première fois en effet, ces neuroscientifiques ont réussi à réaliser un électroencéphalogramme (EEG) c’est à dire enregistrer l’activité cérébrale d’une personne en utilisant des implants cochléaires comme capteurs.  Plus exactement, ce groupe de recherche expérimentale est parvenu à réaliser l’enregistrement d’un EEG continu à partir des électrodes des implants cochléaires de 3 patients, tous appareillés avec un implant de la marque Cochlear.

Commentaire subjectifs

L’avantage de cette approche, c’est qu’elle permet de s’affranchir des aléas liés à l’état émotionnel, cognitif, à l’attention ou à la motivation de la personne appareillée pour poser des diagnostics objectifs. « L'implant cochléaire est l'une des prothèses médicales les plus réussies, permettant aux personnes sourdes et malentendantes sévères d'entendre à nouveau en stimulant électriquement le nerf auditif, expliquent les chercheurs dans leur étude. Un audiologiste qualifié ajuste les paramètres de stimulation pour une bonne compréhension de la parole, appelée «ajustement» de l'implant ».

Problème : ce processus de réglage est basé sur les commentaires subjectifs de l'utilisateur, ce qui le rend long et difficile, en particulier dans les populations pédiatriques ou ayant des troubles de la communication. De plus, les ajustements ne se produisent que lors de séances peu fréquentes dans une clinique et ne peuvent donc pas prendre en compte les facteurs variables qui affectent l’audition de l’utilisateur, tels que les changements physiologiques et les différents environnements d’écoute.

Équipement coûteux

L'audiométrie dite objective, dans laquelle les réponses cérébrales évoquées par la stimulation auditive sont collectées et analysées, a en revanche le grand avantage de supprimer la nécessité d'une participation active du patient et améliore ainsi le processus d’ajustement de l’implant. Le principal inconvénient est que cet enregistrement des réponses cérébrales nécessitait jusqu’à présent un équipement coûteux et encombrant. Jusqu’à ce que naisse l’idée, à Louvain, d’enregistrer les signaux neuronaux à l'aide de…  l'implant lui-même.

«  L'intégration d'un système EEG dans des implants cochléaires ouvre la voie à une neuro-surveillance chronique des patients malentendants dans leur environnement quotidien et à des prothèses auditives neuro-dirigées, qui peuvent ajuster de manière autonome leur rendement en fonction du retour neuronal », concluent ainsi les auteurs de l’étude qui estiment ainsi, par leur découverte, ouvrir la voie à de meilleures réhabilitations et à une neuro-surveillance plus régulière des utilisateurs d’implants.