Publié le: 15 novembre 2013

Tania Pasche: « mon rêve ? Fonder une famille ! »

Tania Pasche: « mon rêve ? Fonder une famille ! »

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est rayonnante. Âgée de 17 ans, Tania Pasche est une optimiste qui a systématiquement le sourire aux lèvres. Pour cette Vaudoise, qui vient d’entamer un apprentissage d’assistante en pharmacie à Villeneuve, là où elle a grandi, l’avenir s’annonce sous de radieux auspices. Née sourde et implantée à l’âge de 10 ans, cette jeune fille bien dans sa peau se reconnaît deux piliers dans sa vie: sa famille et sa foi chrétienne.

Recevoir le Prix aux élèves malentendants décerné par forom écoute, ça vous a fait quel effet ?

J’ai été très surprise, mais ça m’a fait plaisir, surtout que j’aime beaucoup lire (le prix comprend un bon à échanger en librairie, ndlr). Heureusement, le directeur a renoncé à l’annoncer lors des Promotions, car je n’aime pas être au centre de l’attention (rires) !

Depuis quand êtes-vous malentendante ?

Je suis sourde depuis la naissance, sans que l’on en sache la cause. J’ai d’abord porté un appareil auditif, puis ai été implantée une première fois à l’âge de 9 ans, et à 12 ans pour l’autre oreille. Grâce à la logopédie et à l’implant cochléaire, j’ai pu entendre et parler…

Cela a-t-il eu un impact sur votre scolarité ?

Oui et non. J’ai toujours suivi ma scolarité dans une école normale, ici à Villeneuve, mais j’ai bénéficié des services d’une codeuse qui me suivait pour les cours dont j’avais besoin. Ma codeuse, qui est devenue une amie, m’a tellement apporté, elle a permis de compenser le handicap ! Evidemment, il faut beaucoup travailler (rires)…

Et avec les camarades de classe ?

C’est vrai, c’est parfois difficile, surtout quand on est en groupe, et que tout le monde parle en même temps… D’autant que parfois, les autres n’aiment pas répéter… Mais bon, cela finit par passer…

Apparemment, vous surmontez facilement les difficultés…

(Grand sourire) En fait, je ne me sens pas différente des autres… C’est vrai, ce n’est pas toujours facile, mais j’ai la chance d’avoir autour de moi une famille très unie avec un frère, deux sœurs et des parents attentifs. Et puis, il y a aussi le fait que j’ai la foi: je suis chrétienne et le Seigneur est mon meilleur ami!

Et aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre scolarité ?

J’ai terminé en juin ma scolarité obligatoire. Et depuis la rentrée, je fais un apprentissage comme assistante en pharmacie. Je travaille trois jours par semaine à plein temps, et je suis des cours pendant deux jours à Lausanne.

Comment en êtes-vous arrivée à faire ce choix ?

J’ai fait des stages un peu partout, comme fleuriste, comme gestionnaire en intendance dans un EMS, en garderie (rires)… J’aime les enfants, mais je n’ai pas aimé la garderie… Voir des enfants séparés de leurs parents si jeunes, ça a été difficile pour moi. Et puis, il faut dire que l’environnement y est très bruyant. Quant à la pharmacie, j’ai toujours trouvé chouette ce métier. Il y a le côté santé, l’aspect contact avec les autres, qui sont très enrichissants. J’y ai fait un stage et la patronne m’a dit: « si tu veux, je t’engage ! »

Et n’est-ce pas trop difficile, avec les problèmes d’audition ?

Non, ça va ! Les collègues s’habituent à me parler en face et à ne pas parler tous en même temps (rires) ! Pour les clients, je n’ai pas encore commencé à servir, alors on verra bien comment ça va se passer…

Et pour les cours à Lausanne ?

C’est intensif, il y a beaucoup de choses à apprendre et je dois vraiment beaucoup me concentrer, même si là encore, ma codeuse m’aide énormément. Heureusement, il y a la pause de midi, qui me permet de respirer un peu.

Vous trouvez tout de même un peu de temps pour les loisirs ?

Cela dépend des périodes, parce que maintenant je n'ai presque plus le temps à cause des cours! Mais j’aime beaucoup lire, cuisiner, bricoler et faire du sport. Vélo, rollers, ski, snowboard, natation, je touche à tout…

Et après votre apprentissage, quels sont vos projets ?

Voyager, visiter un peu le monde et travailler. Et puis surtout, mon vœu le plus cher serait de fonder une famille, avec au moins cinq enfants (rires) !

Propos recueillis par Charaf Abdessemed