Publié le: 18 mai 2019

Voyager grâce aux implants cochléaires

Voyager grâce aux implants cochléaires

Implantée en 2016, Sofia Martins vit depuis une de ses passions, les voyages. Nous nous sommes glissés dans ses valises.

D’entrée, Sofia Martins s’exclame avec enthousiasme : « j’aime m’aventurer dans la nature, me balader, j’adore voyager depuis que j’ai des implants cochléaires, malgré la peur d’être incomprise à cause de la barrière linguistique ».

La jeune femme évoque sa malentendance, ses hautes études et ses premiers pas de globetrotteuse.

Du Portugal en Suisse
Née au Portugal à Aveiro, Sofia y effectue toute sa scolarité. « Je suis devenue malentendante à l’âge de trois ans, suite à l’administration d’un traitement antibiotique contre une fièvre très sévère. Mon entourage n’a pas réalisé tout de suite le problème, car j’avais la capacité de répondre aux questions uniquement en lisant sur les lèvres de mes interlocuteurs ». Dès le moment où le problème a été mis en évidence, elle a tout de suite bénéficié d’un appareil auditif.

Aujourd’hui encore, la jeune femme se sert la plupart du temps de la lecture labiale pour mieux appréhender les mots parlés et pouvoir entretenir une meilleure communication avec les gens.

Dès son arrivée en Suisse en 2011, Sofia fait régulièrement du baby-sitting et réalise des petits boulots pour être indépendante financièrement. C’est aussi dès cette année-là qu’elle apprend le français en suivant des cours.

« Arrivée à un moment charnière de ma vie, je devais décider de quelle manière mener ma vie. J’ai alors pris la décision de suivre des études supérieures de technicienne en analyses biomédicales à Genève, me servant de mon bachelor en biologie ».

Les cours ont duré trois ans avec divers obstacles ; la barrière de la langue, un appareil auditif inadapté, un nouveau milieu avec des collègues et des enseignants qui ne réalisaient pas vraiment les difficultés de Sofia et ne savaient pas comment communiquer.

Diplôme ES en poche, elle travaille actuellement dans le laboratoire de bactériologie aux HUG en tant que technicienne en analyses biomédicales.

« A la fin de ma 2ème année de formation, mon médecin m’a proposé un implant cochléaire pour faciliter mon quotidien, surtout au niveau professionnel. J’ai accepté et l’opération s’est réalisée en mai 2016. C’est un succès, l’implant améliore nettement ma qualité de vie. J’entends des bruits que je n’entendais pas auparavant, je redécouvre le monde des sons ».

Durant l’école primaire, son handicap n’était en aucun cas une barrière pour communiquer avec ses camarades. C’est à partir de l’école secondaire que Sofia a ressenti une différence de relations avec son entourage. « Je me sentais seule, les personnes ne comprenaient pas mon problème et j’étais victime de harcèlement.

Cette situation a eu un très fort impact. Aujourd’hui encore, je suis renfermée, timide, et ma confiance envers les autres est diminuée ».

Fort heureusement, Sofia a actuellement de très bons contacts avec ses collègues et ses supérieurs, toujours disponibles pour l’aider et très compréhensifs par rapport à son handicap. Depuis son implantation, la jeune femme s’est un peu sociabilisée et voyage avec confiance.

« Implantée, j’ose enfin voyager »
Très attirée par les voyages, Sofia se sent aujourd’hui libre de parcourir des kilomètres pour découvrir des lieux inaccessibles avant son implantation. Sicile, Formentera, Cappadoce au cœur de la Turquie, elle rattrape le temps perdu.

En amont, elle a vécu durant onze ans une autre passion : la danse contemporaine en groupe.

« Pour mon premier voyage, comme je n'avais pas de copines avec qui partir, j'ai passé par une agence de voyages organisés. Avoir une agence qui s'occupe de gérer le séjour, bénéficier d’un guide qui aide à faire face à des situations délicates, ça permet de profiter pleinement des vacances. A l’entrée de certains monuments comme à l’aéroport par exemple, l’étape des portiques métalliques est une aventure, car cela peut abîmer l’implant en désactivant sa programmation par exemple.

 

Le voyage s'est bien déroulé, les explications du guide étaient compréhensibles. Trois autres personnes sourdes étaient du voyage. « Elles ne bénéficiaient pas d'appareils auditifs et parlaient la langue des signes. Malheureusement, elles étaient constamment ignorées par le guide. Comme je porte un implant cochléaire, j’étais à leur disposition en cas de besoin tout au long du voyage en Sicile ».

Si l'augmentation des risques d'attentats et le sentiment d’insécurité augmentent, ne pas entendre, mal comprendre, appréhender une langue étrangère peut représenter un risque accru dans certaines situations. « Je pense malgré cela qu’il faut vivre avec l’esprit libre sans se prendre la tête et je continuerai de voyager, un bon moyen de me sentir libre ! ».