Publié le: 27 décembre 2021

Zach Pauchon : « Ma surdité ne m’a jamais empêché de faire quoi que ce soit ! »

Zach Pauchon : « Ma surdité ne m’a jamais empêché de faire quoi que ce soit ! »

Agé de 21 ans, né à Riaz (FR) et vivant aujourd’hui à Martigny en Valais, féru de judo et de tir, Zach Pauchon est malentendant depuis sa naissance. Implanté à l’âge de 7 ans, ce jeune homme volontaire et aimant l’action est aujourd’hui assistant en soins dans une clinique valaisanne. Après l’armée qu’il souhaite ardemment faire, il espère devenir ambulancier…

Depuis quand es-tu malentendant ?

Depuis ma naissance. Très tôt, mes parents ont eu des doutes car je ne réagissais pas à leurs appels. Ils m’ont envoyé à Lausanne tester mon audition et mon médecin a confirmé le diagnostic, alors que j’avais 3 ans. Par contre, on ne sait pas exactement la cause de ma perte auditive, on pense qu’il y avait un problème au niveau des cellules ciliées de la cochlée.

Quel était le degré de ta perte auditive ?
Je ne saurais pas dire exactement le nombre de décibels qu’il me restait, mais lorsqu’on me parlait, je n’entendais rien ! Dès 3 ans, j’ai donc été appareillé, même si je n’entendais pas très bien malgré mes appareils…

Comment s’est déroulée ta scolarité ?
Je m’efforçais de comprendre durant les cours, même si ce n’était vraiment pas facile. J’ai pu trouver une solution en me basant sur ce qui était visuel, donc en me concentrant sur les cahiers, le tableau etc., et bien sûr la lecture labiale.

N’as-tu pas bénéficié du soutien d’une logopédiste ?
Si, une fois que j’ai été implanté, durant deux ou trois années…

Quand as-tu donc été implanté ?
Vers l’âge de 7 ans, c’est-à-dire plutôt tard, parce que les spécialistes de Lausanne ont déconseillé de me faire implanter quand j’étais petit, estimant que je m’en sortais très bien en étant simplement appareillé. Un jour heureusement, les enseignants de l’ECES, l’école cantonale des enfants sourds, ont suggéré à mes parents de demander un autre avis à l’Hôpital de l’Ile de Berne et d’aller voir là-bas ce qu’était un implant cochléaire. C’est comme ça que j’ai été implanté !

Et l’implant a-t-il tenu ses promesses ?
Avant mes 7 ans, je communiquais très peu en me basant uniquement sur la lecture labiale. Alors, c’est grâce à l’implant que j’ai pu vraiment comprendre et avancer dans ma vie. Aujourd’hui, d’après mon spécialiste, j’entends 90% des sons émis par l’extérieur, plutôt les sons graves d’ailleurs.

Comment as-tu terminé ta scolarité obligatoire ?
J’ai réussi chaque année, sans aucun redoublement ! Mais j’ai dû travailler dur pour en arriver là ! J’ai terminé l’école obligatoire vers mes 14 ans, après avoir déménagé de Lausanne en Valais où j’ai suivi la fin de l’école primaire puis le cycle.

Et ensuite ?
Pendant mon implantation cochléaire, j’ai pu voir comment les infirmières/médecins travaillaient et cela m’avait beaucoup intéressé. En outre, en tant que malentendant, il me fallait viser un environnement de travail calme, pas trop bruyant et à l’intérieur d’un bâtiment. C’est comme ça que j’ai fait un apprentissage d’assistant en soins et en santé communautaire que j’ai terminé en 2018. Depuis, je suis employé à la clinique de Valère, à Sion.

Comme assistant en soins ?
Oui tout à fait. Je travaille en binôme avec une infirmière/infirmier en chirurgie générale, avec des horaires de 12 heures. Je fais des prises de sang, des pansements, de l’aide à la mobilisation, en fait beaucoup de tâches similaires à celles d’un infirmier.

Quels sont tes projets désormais ?
J’aimerais bien partir à l’armée car je me sens 100% apte à le faire d’autant que ma surdité ne m’a jamais empêché de faire quoi que ce soit. Mon recrutement est prévu pour 2022, et j’espère qu’ils décideront de me prendre.

Et après l’armée ?
Je vais reprendre des études. Comme j’aime l’action, l’adrénaline et la réaction rapide, j’aimerais bien devenir ambulancier. Mais si ce n’est pas possible j’essaierai de devenir infirmier.

Cela fait beaucoup de projets. As-tu encore du temps pour des loisirs ?
Ah oui c’est très important pour moi ! Je pratique le judo depuis l’âge de mes 7 ans, c’est un sport très complet que j’aime beaucoup et j’ai des titres de champion valaisan en shiai (combats) et je suis même champion suisse de kata. Et puis, sans être dans la compétition, je pratique de temps en temps de la moto, et surtout du tir depuis mes 14 ans avec des armes de poings comme le SIG, le glock, etc., une passion transmise par mon père.

Ton parcours est exceptionnel. Finalement, comment l’expliques-tu ?
Je pense que c’est surtout grâce à mon implant cochléaire, et aussi au soutien de ma famille qui a toujours été présente. Mon caractère de persévérance et de concentration à dû aussi jouer un rôle, car j’ai toujours cherché à comprendre les détails de ce que j’apprenais… Finalement dans la vie, on peut partir avec un pied en moins, mais tout rattraper est toujours possible !