« Les bus, ma grande passion !»

23 février 2025
Publié le :
Né sourd et implanté cochléaire très jeune, Simon Mura vit à Yverdon. En dépit des difficultés, ce jeune homme âgé de 20 ans qui respire la joie de vivre, a pu suivre sa scolarité avec succès et travaille aujourd’hui dans le monde de l’imprimerie.
Depuis quand êtes-vous malentendant ?
En fait, je suis sourd depuis la naissance. La cause est inconnue, et je suis le seul sourd dans toute la famille. Mes parents l'ont découvert quand j'avais à peu près un an, et cela a été un vrai choc pour eux.
Avez-vous été appareillé ?
Mes parents m'ont très rapidement emmené consulter à l'hôpital à Genève où j’ai été implanté à l'âge de 21 mois. Mes parents auraient voulu que je le sois des deux oreilles, mais le médecin a choisi de privilégier l'oreille droite.
Avec quels résultats ?
Cette première implantation n'a pas donné de très bons résultats. Sur les conseils d'une amie, nous sommes ensuite allés consulter à Berne où là-bas, le médecin a été d'accord pour implanter la seconde d'oreille, à l’âge de 3 ans. Mes parents ont bien fait, parce que les choses se sont considérablement améliorés par la suite.
Vous avez donc pu ensuite aller à l'école normalement ?
En fait, j'ai été scolarisé à la garderie de l'Ecole cantonale pour enfants sourds. C'est là que j'ai appris la langue des signes qui est ma langue maternelle, même si je ne la pratique plus aujourd'hui parce que j’oralise très bien. Mais cette école a fermé en 2009 et tous les enfants ont été répartis dans différentes écoles. J'ai alors dû aller à l'école primaire de mon village, puis à Yverdon où j’ai ensuite déménagé.
Et cela s’est-il bien passé ?
Oui, grâce aux interprètes LPC et en langue des signes, tout s'est très bien passé durant plusieurs années. Jusqu'au jour où je suis tombé sur un enseignant qui ne voulait vraiment pas faire d'efforts, au point où mes parents ont même pensé me faire changer d'école. A ce moment-là, j'ai vraiment passé 2 années difficiles et heureusement les codeuses et interprètes mon énormément soutenu. Finalement, j'ai par la suite été scolarisé dans une école spécialisée pour les enfants présentant des difficultés scolaires.
La situation s’est-elle améliorée ?
Oh oui, cela a été beaucoup mieux ! J’y suis resté jusqu’en 2020, soit la fin de ma scolarité obligatoire.
Et ensuite?
Grâce à l’AI, j’ai fait plusieurs stages dans une imprimerie et c’était très bien, parce qu’en dépit du Covid, tout le monde faisait des efforts pour me parler sans masque ! En novembre 2020, j’ai signé un contrat avec l’AFIRO (Une entreprise sociale et formatrice, ndlr) pour devenir assistant-métier en imprimerie, tout en suivant en parallèle des cours de culture générale.
Et vous entrez dans la vie active?
Très vite oui. Car après avoir reçu mon certificat FPra (Formation pratique, ndlr), l’imprimerie à Vallorbe où j’avais effectué un stage m’a engagé à 50 %, pour remplacer un collègue parti à la retraite. Je suis à l’AI pour les 50 % restants, car travailler à 100 % avec le bruit, c’est vraiment impossible ! J’adore l’emploi que j’occupe, l’entreprise est familiale et le patron vraiment incroyable. Je pourrais même dire le meilleur du monde (rires)…
Donc, vous êtes un jeune homme heureux?
Mais oui j’ai une belle vie, et j’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai reçu de l’aide de bien des gens : mes parents et ma sœur bien sûr, les équipes de l’école, et aussi les codeuses et interprètes, sans compter mon employeur.
Que faites-vous de votre temps libre, quand vous ne travaillez pas ?
Depuis tout petit, j’ai une très grande passion : les trains et surtout les bus dont je suis tombé amoureux très jeune. Comme j’ai aussi une grande passion pour la photographie, j’ai concilié les deux en voyageant pour prendre en photo les trains et les bus, un peu partout en Suisse, mais aussi en Europe, à Bruxelles ou en France. Ensuite, je retouche les photos et je les publie sur mon compte Instagram. Mon rêve, ce serait un jour de publier un livre de photographies de bus. D’autant qu’évoluant dans le monde de l’imprimerie, je pourrais le fabriquer moi-même!