top of page
Guillaume Berbier, un malentendant au volant des géants des routes

1 mai 2023
Publié le :
Malentendant de naissance et employé polyvalent à la commune de Saint-Imier dans le Jura bernois, Guillaume Berbier a décroché en 2021 son permis de conduire poids-lourds. Une manière d’exaucer un rêve d’enfant, mais aussi pour ce sapeur-pompier volontaire, de venir en aide à ses concitoyens.
« C’est un rêve qui demande beaucoup d’efforts et même d’argent, mais franchement quand on est au volant là-haut, c’est magnifique car on est vraiment dans un bureau panoramique ». Le « bureau panoramique » de Guillaume Berbier, c’est la cabine de ces poids-lourds de plusieurs dizaines de tonnes qu’il a enfin le droit de conduire. Depuis le 29 octobre 2021, 6 ans après avoir décroché son permis voiture, ce Jurassien de 27 ans qui travaille pour les travaux publics de la commune de Saint-Imier en tant qu’employé polyvalent, est en effet l’heureux détenteurs d’un permis poids lourds dit « Catégorie C ».
Passion
Une consécration pour ce malentendant de naissance qui, depuis sa plus tendre enfance, est fasciné par tout ce qui roule. « Les poids lourds, c’est une passion qui remonte à très loin explique-t-il, déjà lorsqu’enfant, je voyais mon père conduire de petits camions ».
Alors quand Guillaume a une passion, il la suit jusqu’au bout. Dans une interview accordée à « aux écoutes » en 2016, il expliquait déjà comment, malgré le handicap auditif, il avait réussi à décrocher son CFC d’agent d’exploitation, pour devenir - là aussi un rêve d’enfance-, cantonnier, comme son père.
Alors pour le permis poids-lourds, il n’a également pas hésité à mettre le paquet. D’abord au sens propre, parce qu’il lui a fallu débourser la jolie somme de 7500 francs, un investissement d’autant plus évident pour lui, qu’il était doublé d’une arrière-pensée professionnelle : « Dès la fin de mon apprentissage, j’avais constaté que de plus en plus de communes demandaient le permis poids lourd pour leurs agents de voirie. Je savais donc que cela allait également m’ouvrir des portes en termes d’emploi et de carrière ».
Il y a l’argent, mais il y a également l’effort, car il a fallu une année entière pour que Guillaume puisse décrocher le précieux sésame. Car pour ce malentendant et dysphasique de surcroit, il a fallu travailler deux fois plus pour valider la partie théorique. « C’est vrai, cela m’a demandé pas mal d’efforts et beaucoup de travail en particulier à la maison pour réviser sur une application », raconte-t-il.
Pratique en 4 mois…
La pratique pour ce jeune homme quasiment né avec un volant entre les mains, a en revanche été bien plus simple, puisque l’affaire, rondement menée, a été réglée en à peine quatre mois. « L’examen s’est très bien passé avec un expert qui était informé de mon problème auditif et avec qui je pouvais reformuler pour vérifier que j’avais bien compris les consignes. C’était vraiment cool ».
Conduire un poids lourd de plusieurs dizaines de tonnes n’est pourtant pas chose aisée, car il ne s’agit pas d’une simple réplication à plus grande échelle, des habituelles règles de conduite automobile. « Un camion est bien plus large, plus haut, plus long, tout est plus complexe avec bien plus d’angles morts. La conduite demande beaucoup de concentration, avec des sensations différentes de celles de la voiture et parfois même des manœuvres différentes pour négocier les ronds-points ».
Pour l’heure, Guillaume n’utilise pas son permis de conduire de la cadre de sa profession, des certifications supplémentaires étant nécessaires. En revanche, dès le premier janvier 2024, ce sapeur-pompier volontaire de longue date conduira les immenses mastodontes rouges qui sirènes hurlantes se précipitent à chaque alerte pour venir en aide à la population.
bottom of page