Publié le: 04 décembre 2019

Comment défendre les intérêts des personnes handicapées en Suisse ?

Comment défendre les intérêts des personnes handicapées en Suisse ?

Retour sur la formation de défense des intérêts des personnes handicapées dans le canton de Neuchâtel, organisée par AGILE.CH le mois dernier.

Annoncée dans les lignes du magazine en ligne de la fondation romande des malentendants, forom écoute, la formation de défense des intérêts des personnes handicapées, qui s’adressait à toutes les organisations membres d’AGILE.CH en Suisse romande, s’est déroulée le 25 octobre dernier à Neuchâtel.

En amont de cette initiative, les membres et lecteurs de forom écoute avaient pu rencontrer et écouter Florence Nater, députée au Grand Conseil neuchâtelois, venue exposer le projet de la motion populaire « Loi sur l’inclusion des personnes vivant avec un handicap ». Le but de cette loi est de définir les priorités du plan d’actions en faveur de l’égalité et de l’inclusion pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite, notamment celles des malentendants. (Références articles parus dans le magazine forom écoute, ci-contre).

AGILE.CH, organisation de personnes avec handicap, faîtière des organisations d’entraide-handicap en Suisse subventionnée par l’OFAS, a, dans la lignée, organisé la formation « Vie publique et politique : participer pour faire bouger les choses ».

 

Entretien

Défense ou représentation des intérêts, lobbying, institutions politiques et instruments parlementaires, système politique suisse, commissions de la sécurité sociale et de la santé publique, processus législatif, compétences des cantons sont autant de points importants à appréhender pour défendre ses intérêts. Ceux-ci ont été présentés et abordés avec les participants. Questions-réponses sur cette journée avec Catherine Rouvenaz, secrétaire romande et porte-parole d’AGILE.CH, qui l’a menée d’une main de maître.

 

Comment les participants ont-ils interagi durant cette journée ? Vous êtes-vous retrouvée face à des battants désireux de faire bouger les choses ou étaient-ils justement là pour apprendre comment le devenir ?

Les participants étaient très motivés et désireux de faire bouger les choses, ce qui est réjouissant. Tous étaient conscients que pour remplir le rôle de représentant, il faut d’abord s’informer. La diversité des handicaps représentée lors de cette journée était également très réjouissante,. Il est essentiel de s’unir et de voir au-delà de ses propres problèmes pour être crédible auprès des politiques et de l’administration.

 

Vous avez abordé plusieurs sujets et surtout donné des pistes. Comment préparer sa démarche de défense des intérêts ?

Nous avons évoqué la manière de formuler positivement une demande, de connaître son sujet pour être crédible, de se limiter à un ou deux thèmes, de définir l’objectif de la demande en étant percutant avec une accroche, et bien-sûr de se positionner en étant clair sur son rôle en nom propre ou au nom d’une organisation qu’on représente.

 

Par quel biais se faire valoir ?

Il faut bien évidemment soigner son réseau et être présent lors d’assemblées communales, intégrer des comités d’associations ou des forums handicaps et pouvoir éventuellement y rencontrer des femmes et des hommes politiques. S’adresser aux bonnes personnes sur le plan communal, cantonal et fédéral, être tenace et persévérant jusqu’à obtenir une réponse, indiquer que les mesures qui favorisent l’égalité pour les personnes handicapées servent souvent à d’autres personnes.

 

Comment aborder une de ces personnes lorsqu’on a un handicap, sans se sentir lésé ?

Il faut d’abord savoir que la personne à laquelle on s’adresse ne connaît peut-être pas le sujet ou la problématique. Je pense qu’avec une attitude posée, sans laisser prévaloir ses émotions en mettant en avant son propre handicap ou son histoire, cela permet de se concentrer sur les contraintes de son interlocuteur, comme le budget qu’il devrait trouver et pourrait consentir pour un aménagement par exemple. Ce qui est très important, c’est que les gens réalisent que les personnes en situation de handicap ont des compétences et de l’expérience à faire valoir. Nous avons également travaillé la manière de rester calme si cette personne semble nerveuse et l’apparence à avoir pour donner une bonne impression.

 

Vous avez également évoqué le lobbying ; pouvez-vous nous en dire plus ?

L’interlocuteur doit aussi trouver son intérêt dans cette démarche. C’est un élu, il a besoin d’électeurs, il doit gérer un grand nombre de dossiers relatifs à des domaines dans lesquels il n’est pas spécialiste. Je peux devenir pour lui une personne ressource et de confiance dans le domaine spécifique du handicap ou d’autres domaines, puisque le handicap revêt une dimension horizontale (aménagement, culture, formation, information, etc.). Après un entretien avec une femme ou un homme politique, il est important de confirmer les éléments de la discussion dans les grandes lignes ; éventuellement noter noir sur blanc les engagements de chacun, ou les prochaines étapes que l’on prévoit.

 

Envisagez-vous une autre journée de formation ?

Depuis plusieurs années, AGILE.CH offre ce type de formation. Si auparavant elles se tenaient à Berne, nous avons décidé de les délocaliser, puisqu’il est nécessaire d’agir d’abord au niveau local. A l’issue de la journée du 25 octobre dernier, des participants ont formulé le souhait d’organiser une journée de formation à Fribourg en 2020.

 

Un dernier conseil ?

Lire la presse locale comme les compte-rendu des séances du Grand conseil, les projets d’aménagement, etc. La plupart des sites internet des cantons comportent une liste des projets de lois en consultation, élaboration ou révision. Même sans y être invité, on peut s’exprimer dans ce cadre ; il est cependant préférable de le faire au nom d’une organisation comme Forum Handicap, par exemple, ou un groupe d’entraide, car il n’y a rien de pire que de partir dispersé pour faire des propositions.

www.forum-handicap-ne.ch

 

Le groupe, qui a suivi ce cours, venait de tous horizons, avec ou sans handicap.

« On nous a enseigné comment aborder le monde politique, principalement les responsables du dicastère en lien avec les personnes vivant avec un handicap. Diverses techniques fort intéressantes nous ont été présentées à ce sujet. De plus, ce type de cours permet de rencontrer des individus avec différents handicaps, qui se battent afin de permettre à tous de vivre dans de meilleures conditions dans le respect et la dignité qu’ils méritent », s’enthousiasme le participant Denis Wisard.

 

Plan d’actions en faveur de l’égalité et de l’inclusion pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite, notamment des malentendants ; articles en ligne sur www.ecoute.ch :

« Égalité pour tous » 

« Journée à thème, inclusion sous toutes ses formes »

« Vie publique et politique : participer pour faire bouger les choses »

 

Copyright : Caroline Léna Becker