Publié le: 10 mai 2024

En Valais, 3 frères relèvent le défi de la Patrouille des Glaciers

En Valais, 3 frères relèvent le défi de la Patrouille des Glaciers

Le 21 avril dernier, 3 frères valaisans se sont alignés au départ de la célèbre Patrouille des Glaciers, une course bouclée en… 8 heures. Seul malentendant, et habitué à ce type d’efforts, Bastien Perruchoud était de l’aventure.

On peut être malentendant et s’adonner à une pratique sportive de haut niveau, en équipe avec des personnes entendantes. Malentendant depuis son enfance, Bastien Perruchoud est en effet un habitué des compétitions sportives, seul ou équipe. Mais en cette journée du 21 avril, c’est avec ses deux frères Florent et Julien, tous deux entendants, qu’il s’aligne au départ de la célèbre Patrouille des Glaciers, la légendaire course au cœur des Alpes.

Prévue le 20 avril, c’est finalement, en raison des mauvaises conditions météorologiques, le lendemain que la course aura lieu, et les trois frères ont privilégié le parcours A, entre Arolla et Verbier, soit un trajet de… 29 km, avec pas moins de 2200 mètres de dénivelé. « J’avais déjà fait la Patrouille des Glaciers il y a deux ans avec une autre équipe, raconte Florent. Je n’ai pas hésité à me réinscrire à cette édition 2024 quand Bastien a proposé de le faire entre frères, parce que dans notre famille, nous sommes tous fans de haute montagne, y compris nos parents ».

Pour Bastien, 30 ans, Florent 27 ans et Julien 32 ans, la nuit du 21 avril a été particulièrement courte puisqu’il a fallu, après une minutieuse préparation du matériel, se réveiller dès 3 heures du matin, pour rejoindre Sion puis Arolla et s’aligner au départ de la « petite patrouille ». La suite évidemment, n’a pas été de tout repos, puisqu’entre le départ et l’arrivée se sont écoulées près de… 8 heures ininterrompues de course, plus exactement 7h59, avec en cours de parcours, un ravitaillement assuré par le papa, par ailleurs propulsé « remplaçant » officiel en cas de défection de l’un des coureurs.

Course exigeante

« C’est une course de haute montagne particulièrement exigeante si je la compare aux autres courses que j’ai faites précédemment, explique Bastien. Mais tout s’est bien passé, même si la première partie s’est déroulée à la lumière des torches dans la nuit noire. Pour moi, le plus difficile a été lorsqu’il a fallu gravir, en portant nos skis, les 1300 marches taillées dans la neige au passage de Rosablanche. Ensuite après le dernier col, tout était en descente jusqu’à l’arrivée, et donc bien plus facile ».

« Ce qui est le plus difficile dans cette course, c’est surtout de maintenir l’effort physique dans la longue durée, estime de son côté Florent. D’autant que l’important dénivelé et le froid particulièrement rude de cette année, n’ont vraiment pas arrangé les choses ».

Heureusement, l’équipe est soudée et se connaît très bien. Un mois plus tôt en effet, les trois frères ont couru ensemble la Patrouille de la Maya pour mieux rôder leurs habitudes et leurs efforts. « C’est du reste à ce moment que nous avions décidé, pour un déroulement optimal que Julien irait devant, Florent derrière, et moi au milieu », se souvient Bastien.

Communication facile

L’avantage de cette configuration, c’est qu’elle a permis à Bastien de mieux communiquer avec ses coéquipiers : « Interagir et communiquer avec Bastien a été facile, détaille Florent. Nous avons l'habitude et nous savons comment nous placer pour lui parler, ce qui fait que l'on communique très bien. Le seul cas où cela a été un peu plus compliqué, c’est quand Bastien n’entendait pas lorsqu’une équipe plus rapide devait nous dépasser et nous annonçait son passage ! Mais on s’est débrouillé et tout s’est très bien passé !»

« Dans ce genre de course, c’est l’esprit d’équipe qui prévaut toujours, résume Bastien, heureux d’avoir relevé ce défi particulièrement difficile. Par exemple, j’ai dû au bout d’un moment donner le sac qui contenait la corde à mes frères parce que je n’avais pas assez mangé le matin, ». Et d’ajouter : « C’est cet esprit qui permet de venir à bout de ce genre de course. Je dois d’ailleurs relever à quel point le soutien, financier et moral de nos parents a aussi été important dans cette aventure ».