Publié le: 22 septembre 2023

Evelyne Jordan, la vie au bout des pinceaux

Evelyne Jordan, la vie au bout des pinceaux

Malentendante de longue date, ancienne présidente de l’Association fribourgeoise des malentendants, Evelyne Jordan est une retraitée active et peintre émérite. Ses toiles, vibrantes de vie et de créativité, peuvent être découvertes à Fribourg jusqu’à la mi-octobre.

L’ensemble est à son image : créatif, pétillant, surprenant et respirant la joie. Alors, si vous avez un peu de temps, courez au bâtiment Diabolo Menthe à Fribourg, un lieu de vie pour seniors autonomes abritant 42 logements avec des prestations de « conciergerie sociale » réservées aux locataires. 40 tableaux échelonnés sur les 7 étages vous y attendent. Tous peints par Evelyne Jordan.

Malentendante, implantée et retraitée depuis 2019, cette sémillante presque septuagénaire y expose en effet ses tableaux, fruits de nombreuses années d’apprentissage et de recherche picturale, expérimentant autant de thèmes, de techniques et même d’événements…  « Il y en a pour tous les goûts, car j’aime bien m’amuser avec les techniques et obtenir à chaque fois quelque chose de différent, explique l’artiste. La matière m’inspire, je peins des formes, des couleurs et leurs vibrations surgissent au gré des sentiments du moment, parfois spontanés, sous l’influence d’une image, d’une photo ou de l’actualité, d’où la variété des styles».

Fin à la mi-octobre

Entamée il y a près de six mois, cette exposition, qui se termine dans un peu plus de 15 jours, est née, comme souvent, d'une rencontre. Celle d'Evelyne avec un ancien membre de l’association fribourgeoise des malentendants, Jean-François Roussel qui, résidant lui-même dans le bâtiment, lui suggère : « Ici, tous les 6 mois, on expose un artiste différent. Et si tu exposais tes peintures toi aussi ? ». Ni une ni deux, Evelyne se lance. Il faut dire qu’elle est coutumière des expositions, la première datant de 2019, l’année où elle a pris sa retraite et subi une implantation cochléaire.

Mais à Pro Senectute, le défi était un peu particulier, puisqu’il s’agissait de faire honneur à tout l’espace disponible, 7 étages tout de même ! « Comme je n’avais rien prévu pour 2023, j’ai pris le temps de rassembler une quarantaine de tableaux que j’ai ensuite classés par thématique et par étage d’exposition, raconte-t-elle. Et franchement je ne regrette pas, car l’accueil qu’ils reçoivent des habitants de l’immeuble aussi bien que des visiteurs est vraiment touchant ! ».

Goût des belles choses

De longue date, Evelyne Jordan qui a le goût des belles choses – elle a longtemps pratiqué l’art floral -, aime la peinture. Mais de là à se saisir elle-même des pinceaux, il y avait un grand pas, qu’elle a franchi presque par hasard, le jour où son mari lui a lancé : « tiens, voilà des pinceaux et des toiles, tu sauras quoi en faire ! ».

Evelyne qui a déjà une longue carrière de secrétaire derrière elle, est alors en pleine transition professionnelle, en recherche d’un nouvel emploi. L’idée de se mettre à la peinture, « une activité que l’on fait seul avec soi-même, sans avoir besoin d’entendre », la séduit tellement qu’elle n’hésite pas à prendre des cours, s’initiant progressivement à diverses techniques, avec une petite inclination pour l’encre et la pâte à craqueler, que l’on retrouve dans nombre de ses tableaux.

« J’ai toujours besoin de créer des choses et ça me démangeait de faire de la peinture, quelque chose qui dure plus longtemps que des compositions qui se fanent », sourit-elle avant d’ajouter : « C’est une activité solitaire, mais qui touche le cœur des gens, et j’aime beaucoup cela, car ce qui compte le plus pour moi, c’est que chaque œuvre est l’occasion d’une rencontre avec celles et ceux qui la contemplent ou avec ceux qui souhaitent acheter un de mes tableaux ».

Belle histoire…

Car ses tableaux, il arrive en effet à Evelyne Jordan de les vendre, « pas pour l’argent », mais bel et bien parce « chaque acquisition de tableau est une belle histoire, car je suis toujours très touchée que quelqu’un qui ne me connaît pas veuille acquérir une de mes toiles ».  D’ailleurs, au Diabolo Menthe, 4 tableaux ont trouvé acquéreur, un « record » pour le lieu, pourtant habitué aux expositions.

Si par hasard vous n’arriviez pas à admirer les œuvres d’Evelyne Jordan encore cette année, rassurez-vous : une prochaine exposition est prévue à Fribourg en 2024. Cette fois, l’exploratrice en herbe, décidément toujours curieuse de tout, privilégiera les petits formats et une nouvelle technique, fondée sur la cire et les pigments.

Evelyne Jordan, bâtiment Diabolo Menthe de Pro Senectute, Passage du Cardinal 18, Fribourg. Jusqu’à mi-octobre. Du lundi au vendredi de 13h30 à 16h30.